En tout, 650 000 Canadiens et Terre-Neuviens ont servi sous les drapeaux au cours de la Première Guerre mondiale, soit 7 % de la population du pays. Parmi eux, des gens de toutes conditions sociales et aux talents les plus divers. Quelques artistes dans l’âme ont pris part au conflit et certains ont à jamais immortalisé leur passage en Europe en cette époque troublée. La crête de Vimy, en France, fut le lieu où environ 200 d’entre eux ont sculpté, dans les parois de leurs tranchés de pierre, des bas-reliefs qu’une exposition présentée au Musée de London permet de découvrir.
À l’été 1914, personne ne se doutait de la forme et de la durée que prendrait ce que l’on a appelé plus tard « la Grande guerre ». Bien que plusieurs conflits aient sporadiquement enflammé une région ou l’autre de l’Europe au cours des précédentes décennies, il fallait remonter au régime napoléonien pour trouver l’équivalent d’un conflit mondial s’étirant sur des années. Les stratégies militaires n’avaient guère évolué depuis, mais la technologie avait par contre fait des bonds prodigieux. Ainsi, lorsque les soldats commencèrent à s’affronter en rangs serrés comme aux temps du Ier Empire, ils se trouvèrent soumis à une puissance de feu qui les décimait avec une facilité et une violence déconcertante. La solution adoptée dans les deux camps pour se protéger des mitraillettes et des grenades fut de s’enfouir sous terre. Pendant quatre ans, les armées se sont donc affrontées ainsi, à quelques mètres l’une de l’autre, parfois pendant des mois, dans leurs tranchées et leurs réseaux de tunnels respectifs.
Au printemps 1917, dans un souterrain situé près de la crête de Vimy, en France, un groupe de soldats canadiens attendaient l’ordre de passer à l’offensive. Les journées étaient longues et, comme la pierre des parois était friable, ils commencèrent à la sculpter pour passer le temps. C’est souvent la thématique militaire qui revient dans leurs gravures, mais certains ont laissé aller leur imagination pour évoquer des pensées plus personnelles. Puis, le 9 avril, après plusieurs semaines d’exercices et de répétitions, les Canadiens attaquent les Allemands et sortent victorieux de l’affrontement quatre jours plus tard. Les nombreuses gravures réalisées dans ce souterrain ont été, pour plusieurs d’entre eux, le dernier témoignage qu’ils aient laissé avant de tomber au champ d’honneur.
Près d’un siècle plus tard, l’organisme CANADIGM, qui se spécialise dans la préservation digitale de documents et artéfacts liés à l’histoire du Canada, a entrepris d’immortaliser ces bas-reliefs. Utilisant la technologie du laser 3D, l’équipe de CANADIGM en a fait des copies exactes et en a sélectionné quelques-uns pour créer une exposition intitulée Impressions souterraines. La tournée nationale de ces gravures et des explications bilingues qui les accompagnent est financée par le gouvernement fédéral. Puisque c’est à London qu’est basé CANADIGM, la première institution à avoir le privilège de recevoir cette exposition itinérante est le Musée de London, où elle pourra être visitée jusqu’au 7 septembre.
Photo: Les gravures sont souvent accompagnées d’une courte biographie de leur auteur.