Le terme en lui-même semble être aussi abstrait que ce qu’il désigne : abstraction. Un mot aux mille significations, où tout semble possible, et plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’art. À travers son exposition Abstraction to abstraction au Musée de London, Patrick Thibert explore son sujet par le biais de nombreux travaux en trois dimensions. Afin d’aider les visiteurs à mieux en saisir le sens, l’artiste a volontairement inclus des explications, des modèles ainsi que des dessins résumant ses avancées.

Sa réputation vient de ses imposantes sculptures, largement exposées au Canada ainsi qu’aux États-Unis. Né à Windsor en 1943, M. Thibert est une figure déjà aguerrie de la scène artistique nord-américaine, puisqu’il sévissait déjà au début des années 1970 en prodiguant ses œuvres abstraites. Diplômé en arts appliqués dans sa ville natale, puis en Floride, il se lance dans la narration au début des années 1980, jouant sur les mots et les images littéraires. Mais sa passion pour l’abstrait ne l’a jamais vraiment quitté, puisqu’il y revient en 2011, dans le but d’explorer d’autres facettes de ce style si particulier. Un travail acharné qu’il lui tient vraisemblablement à cœur d’exhiber et de détailler.

Quatre sections qui se suivent chronologiquement viennent composer l’exposition. Celle-ci commence avec les premiers travaux du créateur offrant des formes planes et linéaires avant de se concentrer sur les axes et les structures internes. S’ensuivent les natures mortes ainsi que des œuvres faites à partir de tubes en aluminium, dont la finesse étonne.

Personnalité artistique active et respectée de la communauté de London, Patrick Thibert poursuit ses recherches sur l’abstraction, et compte bien en découvrir les limites si, bien sûr, celles-ci existent. Il commente cette exposition prometteuse : « Je suis revenu à l’abstraction car j’avais décidé de perdre mon âme. Je voulais faire quelque chose de plus profond pour moi, dit-il. Je suis revenu en arrière pour aller de l’avant. » Selon lui, l’abstraction a toujours de la valeur et ça permet en quelque sorte de créer un espace mental que la peinture de paysage ne permettrait pas, même si c’est beau, car facilement identifiable.

Aujourd’hui, en ayant fini avec son métier d’enseignant, il donne libre cours à sa fibre artistique, à longueur de temps : « Je fais ce que je veux dans mon studio, je suis libre », s’exclame-t-il. Un espace qui lui permet de poursuivre sa quête à la nouveauté, qui est pour lui la motivation principale de son travail. « Je dois avancer avec de nouvelles choses. Je ne peux pas revenir en arrière, explique-t-il. Ma seule crainte, c’est de faire la même œuvre encore et encore. » En revanche, il n’invite pas le public à regarder ses œuvres d’une façon particulière : « S’ils n’ont pas de références, mes explications et mes croquis les aideront à combler le fossé. Je n’espère pas que les gens les comprennent comme moi », conclut-il. 

L’exposition Abstraction to abstraction de Patrick Thibert a lieu au Musée de London jusqu’au 24 août.