En termes artistiques, le Musée de London offre de tout. Une nouvelle ronde d’expositions occupent les salles de l’institution depuis quelques semaines et mettent en vedette des oeuvres résolument modernes et des concepts qui sortent des sentiers battus. Si l’approche peut surprendre, voire laisser perplexe, les thématiques interpellent toutefois indépendamment des goûts.
Quoi de plus universel en effet que se nourrir? Ce ne sont pas moins de trois expositions qui abordent spécifiquement ce sujet. Comme pour initier le visiteur par étape à cette réalité, le rez-de-chaussée et le demi sous-sol sont occupés non pas tant par des oeuvres que par des « antiquités ». L’art n’est pas que le seul champ d’expertise du Musée qui a également pour mandat de faire connaître le passé de London et de sa région. Des ustensiles et appareils de cuisson d’un autre âge côtoient donc quelques publicités et contenants au design suranné dans Get Cooking, London! et Let’s Eat!
À l’étage supérieur, le visiteur entre de plain-pied dans un tout autre univers, ironique, onirique et porteur d’un message. La vaste exposition Acquired Tastes tire dans toutes les directions et avec tous les matériaux imaginables, de la peinture à la sculpture en passant par les montages vidéo et les objets recyclés. Le thème de la nourriture, simple en apparence, est dans les faits d’une infinie complexité puisqu’il peut être abordé sous l’angle économique, social, culturel, environnemental, etc., laissant une grande liberté à l’artiste dans l’expression de ses intérêts.
Un exemple attirera peut-être davantage l’attention du visiteur francophone, surtout s’il est originaire du Québec. Vieux buffet (premier service) est une oeuvre de Marc-Antoine K. Phaneuf qui n’est constituée que de vieux livres de recettes disposés de façon à former une sorte de murale. On ne peut manquer de sourire en voyant ces reliures qui rappellent immanquablement certains ouvrages vus chez un parent ou que l’on a déjà possédés. Sans compter, pour ajouter au kitsch de l’expérience, que quelques-uns de ces livres ainsi exposés sont ornés du portrait d’anciennes vedettes du petit écran. Nourriture et culture populaire sont ainsi fusionnées, illustrant combien l’un ne va pas sans l’autre.
L’exposition Food-Water-Life : Lucy+Jorge Orta élargit la thématique de la nourriture à tout ce qui est essentiel à la survie. Les préoccupations écologistes forment la toile de fond de cet ensemble pour l’essentiel constitué d’oeuvres massives faites d’objets hétéroclites. Le trio Drop Parachutes, qui se trouve en page couverture, en est un bon exemple : chacune des parties a pour fonction de rappeler un élément nécessaire à la vie, soit l’eau (illustrée par des gourdes et des bidons), la nourriture (ustensiles, poêlons, etc.) et le réconfort, le sentiment de sécurité (animaux en peluche).
Cette dernière exposition est en montre jusqu’au 6 décembre prochain. Les autres précitées jusqu’en janvier 2016. Voilà autant d’occasions, d’une part, de se plonger dans le passé, et d’autre part, de réfléchir à la place qu’occupent la cuisine et les repas dans la vie quotidienne et à l’échelle sociale.
Photo: Let’s Eat! : une cuisine des années 1950