Le 21 avril dernier, le gouvernement fédéral déposait son budget, le premier affichant un surplus en huit ans et le dernier avant les prochaines élections. Ce sont autour de ces deux variables que les détails du budget s’articulent et peuvent être analysés. De nombreuses mesures populaires touchent en effet les particuliers, sans qu’il n’existe pour autant une marge de manœuvre suffisante à partir de laquelle l’Opposition pourrait extrapoler ses propres promesses.
En termes économiques, en quoi le Sud-Ouest profite-t-il du budget fédéral? Le marché de l’emploi et l’industrie manufacturière sont deux préoccupations majeures dans la région, qui a subi de lourdes pertes à ce chapitre au cours de la dernière décennie.
Pour ce qui est des petites entreprises, le gouvernement s’est engagé à réduire leur taux d’imposition de 11 % à 9 % d’ici 2019. Cette mesure constitue une excellente nouvelle pour London où ce sont justement les petites entreprises qui sont responsables de la quasi-totalité de la croissance des affaires si l’on en croit une récente étude sur le sujet. Élargir l’éventail de services offerts par la Banque de développement du Canada et Exportation et développement Canada, réduire les formalités administratives, offrir de nouvelles ressources et du mentorat, etc., voilà d’autres mesures destinées aux petits entrepreneurs.
En ce qui concerne l’industrie automobile, un atout du Sud-Ouest, le budget prévoit 100 millions de dollars, répartis sur cinq ans, pour aider les fournisseurs de ce secteur à développer de nouveaux produits et à les faire connaître. Cette mesure est révélatrice de l’importance que pourrait prendre la région au cours de la prochaine campagne électorale. Une somme de 65 millions de dollars sera également consentie aux institutions d’enseignement postsecondaire pour les aider à réviser leur curriculum afin de le rendre plus en phase avec les besoins en main-d’œuvre spécialisée. Il semblerait en effet, en dépit du haut taux de chômage, que certaines entreprises du Sud-Ouest aient de la difficulté à combler leurs postes vacants. Par contre, étonnamment, rien n’est prévu pour faciliter le transit de marchandises aux États-Unis, alors qu’on trouve dans la région deux postes frontaliers importants et que les entrepreneurs d’ici vivent plus ou moins en symbiose avec le marché américain. Les exportations outre-mer ont bénéficié, dans ce budget, de davantage d’attention de la part du gouvernement.
De manière générale, les conservateurs entendent maintenir les impôts sur les investissements des entreprises à un faible niveau. La mesure la plus étonnante accordée aux fabricants est un incitatif fiscal d’une durée de dix ans en ce qui touche les investissements liés à la productivité. Cet incitatif était déjà entré en vigueur en 2013 mais pour une durée de deux ans. Ce n’est pas tant son renouvellement qui est une surprise que la longue période sur laquelle cette politique est reconduite. Cet incitatif permet aux manufacturiers de déprécier la valeur de l’équipement et de la machinerie nouvellement achetés à un rythme accéléré de 50 % par année et, par conséquent, de réduire leur revenu imposable dans ce même laps de temps.
En établissant pareille mesure pour une décennie, le gouvernement crée moins d’incertitude pour les entreprises.
Pour ce qui est du secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire, une autre composante majeure des comtés d’Oxford, de Middlesex et de Lambton, Ottawa s’est engagé à élargir leur accès au marché et à promouvoir leurs exportations. Faire passer à 1 million de dollars le plafond de l’exonération cumulative des gains en capital pour les biens agricoles admissibles est un autre point du budget s’adressant aux fermiers.
En démocratie, la dynamique relative à l’adoption d’un budget gouvernemental relève en bonne partie de l’univers des communications. Les conservateurs ont ainsi, dans leur budget, fait le bilan de tout ce qu’ils ont accompli pour les entreprises depuis leur arrivé au pouvoir, notamment un prêt de 80 millions de dollars pour l’usine Ford de Windsor et le programme Usine du futur implanté à London.
Photo: L’usine CAMI, à Ingersoll, est un employeur important et un succès dans le domaine de l’assemblage d’automobiles.