Nous sommes le 30 octobre 1941. À bord d’un avion DC-3 de l’American Airlines en partance de Buffalo à destination de Detroit se trouve dix-sept passagers et trois membres d’équipage. En cette pluvieuse soirée d’automne, la visibilité est médiocre mais rien n’annonce le désastre à venir.

Peu après 22 h, l’avion se met à décrire de grands cercles au-dessus de Lawrence Station, un hameau d’agriculteurs au sud-ouest de London. En ce temps de guerre, il n’est pas rare d’observer des manoeuvres aériennes mais la descente graduelle de l’avion inquiète les villageois qui avaient porté leur attention vers le ciel, intrigués par le vrombissement anormalement fort des moteurs. Puis, confirmant les appréhensions des témoins, l’appareil pique soudainement du nez pour aller s’écraser dans un champ d’avoine à quelques mètres de la route.

L’explosion est entendue à des kilomètres à la ronde. C’est sur la ferme de Thompson Howe que la tragédie s’est produite et celui-ci est le premier à accourir sur les lieux. Il est aussitôt rejoint par des voisins, des policiers et des officiers de l’école régionale de l’Aviation royale canadienne. Face à l’indescriptible amas de ferraille en flamme, le constat est évident pour tous : il n’y a pas de survivant. La violence de l’incendie interdit de toute façon de s’approcher de la carcasse de l’appareil. Dans les heures qui suivent, pompiers et enquêteurs se succéderont sur les lieux et la question que tous se posaient alors n’a, en 2018, toujours pas de réponse : pourquoi?

En effet, les causes exactes de l’accident n’ont jamais été déterminées. Mais cela n’est qu’un détail face au drame humain : il s’agissait, à l’époque, de l’accident aérien le plus meurtrier de l’histoire canadienne. Aujourd’hui encore, personne ne peut rester insensible aux répercussions de ce désastre sur ceux qui ont perdu un parent, un collègue ou un ami. C’est pourquoi des résidents de la région ont décidé de commémorer cette tragédie : le 9 septembre dernier, une plaque, sur laquelle figure les noms des 20 victimes et un résumé des événements entourant l’accident, a été dévoilée en bordure du champ où l’avion s’est écrasé.

Occultée par la Seconde Guerre mondiale et longtemps oubliée, cette catastrophe a désormais un monument à sa mémoire. Qui plus est, même s’il est regrettable que des vies aient été perdues, il est à remarquer que cet écrasement est un des événements ayant progressivement conduit à la création des « boîtes noires » et leur généralisation dans l’industrie aéronautique.

 

PHOTO : Policiers et enquêteurs inspectent les débris de l’avion aux lendemains de la tragédie.