Alexia Grousson
Depuis plus de dix ans, Camille Beaulieu et son mari caressaient le projet de parcourir le globe. Même l’arrivée de leurs trois enfants n’a pas freiné cette ambition. « Lorsque nous avons eu des enfants, cela n’a pas arrêté le projet », confie-t-elle. En 2024-2025, avec un enfant en 5ᵉ année, un autre en 2ᵉ et le plus jeune en maternelle, le couple a jugé que le moment était idéal, avant les années scolaires plus exigeantes. Son mari, enseignant au Conseil scolaire catholique Providence, a pris un congé différé pour concrétiser ce rêve.
Leur aventure a été rendue possible grâce à quatre années d’économies. « Nous avons sacrifié beaucoup de choses : vendu la deuxième motoneige des enfants, ré-hypothéqué la maison et puisé dans nos REÉR », raconte Camille Beaulieu. Avec un budget de 90 000 $, la famille a également loué sa maison pendant un an à une famille australienne pour réduire les coûts.
Le périple, prévu de juillet 2024 à juillet 2025, les a menés dans 19 pays. L’itinéraire a débuté en Amérique du Sud et centrale, avant de se poursuivre en Asie et en Europe. « Nous avons voyagé en avion, en autobus, parfois en voiture, en bateau, en métro, et nous avons même loué une auto-caravane en Australie », précise la mère de famille.
Pour l’hébergement, ils ont alterné entre hôtels, Airbnb et échanges de maisons. La préparation des bagages a été un défi en soi : « Nous sommes partis avec seulement cinq sacs à dos. Il nous a fallu réfléchir soigneusement à ce que nous emportions : deux shorts, trois t-shirts, une ou deux robes, deux paires de souliers, un imperméable, un pantalon, un pyjama, deux maillots de bain, une coiffeuse-lavabo et une trousse de premiers soins. »
Voyager avec de jeunes enfants suscitait certaines inquiétudes, mais Camille Beaulieu balaie plusieurs idées reçues. « Ce n’est pas parce qu’ils ne s’en souviendront pas qu’ils n’ont pas profité de l’expérience », affirme-t-elle. Elle reconnaît que la présence des enfants augmente les coûts, mais insiste sur l’importance de faire des choix budgétaires : utilisation des points de carte de crédit, repas cuisinés dans les logements loués, ou encore échanges de maisons.
Le couple a aussi appris à lâcher prise : « Comme dans bien des aspects de la parentalité, il faut accepter que tout ne se passe pas comme prévu. Les enfants ont grandi et sont devenus de véritables partenaires dans l’aventure. »
Côté éducation, les enfants ont suivi un programme flexible. Les deux aînés avaient des cahiers d’exercices et un Chromebook pour l’apprentissage en ligne. « Ils ont appris bien plus que ce qu’on enseigne à l’école : les langues, les religions, la valeur des monnaies, le décalage horaire… tout faisait partie de leur formation. »
L’expérience a eu ses avantages, notamment la possibilité de séjourner plus longtemps à certains endroits. « Lorsqu’on reste davantage, on découvre réellement chaque lieu », dit-elle. Mais il y a eu aussi des défis, surtout financiers : certaines activités et sorties ont dû être limitées. L’éloignement de la famille et des amis a également pesé : « Manquer des événements importants pendant un an, ce n’est jamais facile. »
Pour ceux qui rêvent d’une aventure semblable, Camille Beaulieu recommande une préparation minutieuse : établir un budget solide, voyager léger, souscrire à une assurance, se munir de médicaments et bien vérifier les exigences de visas.
Au terme de cette année exceptionnelle, elle garde un souvenir impérissable : « C’était un rêve qui a demandé des sacrifices, mais le vivre a été une immense satisfaction. Passer une année entière en famille, c’était unique et ça n’a pas de prix. » Parmi les plus beaux souvenirs, elle cite l’Argentine et l’Australie, où les rencontres avec les familles locales ont donné à ce voyage une dimension encore plus authentique.
Photo (Crédit : Camille Beaulieu) : Emma, Nico, Patrick, Camille et Loralie à Chiang Mai, Thailande