Un autre festival? Pourquoi pas! Cette fois, ce sont les graffitis qui ont été à l’honneur au cours des trois jours qu’a duré le festival Masterpiece à London. Du 14 au 16 juin, sur la rue King, cinq graffiteurs ont exercé leur art sur les piliers du pont piétonnier qui relie l’hôtel DoubleTree au London Convention Centre.
La création de nouvelles murales s’insérait dans une programmation comprenant des prestations musicales, des activités pour enfants, un marché d’artisans, un barbecue, etc. Mais alors que toute cette animation n’était destinée qu’à ne durer que quelques heures, les œuvres qui ornent désormais la rue King sont là pour rester. C’est pourquoi les organisateurs ont fait appel à cinq artistes canadiens qui ont su se démarquer au fil des ans : Brad Biederman, Meaghan Claire Kehoe, Bacon, Astro et Mique Michelle.
Cette dernière est de plus en plus connue au sein de la communauté francophone. Elle-même Franco-Ontarienne originaire du Nord de la province, Mique Michelle a animé des ateliers artistiques partout en Ontario et nombreux sont ceux qui ont fait appel à son style et à ses talents pour orner des édifices publics, des espaces extérieurs et des galeries d’art.
« Il y a une chose qui me tient à cœur : tout ce que je mets sur un mur vient de la communauté », explique l’artiste. L’inspiration lui vient parfois d’anecdotes que lui racontent des gens rencontrés au hasard : ainsi, le faucon pèlerin que Mique Michelle a peint sur le pilier qui lui a été attribué représente le même oiseau observé à quelques pas de là par des passants. Les histoires que lui partagent les uns et les autres constituent un enrichissement aussi bien personnel qu’artistique car, comme elle le rappelle, être à l’écoute du public s’avère essentiel pour renouveler l’art du graffiti.
Bien que souvent considérée comme marginale, cette forme d’expression fait appel à un langage universel, le dessin, et à des sentiments qui rejoignent tout le monde. « Le graffiti a toujours été là pour rappeler aux gens qu’il y avait un manque d’humanité », rappelle Mique Michelle qui ne manque jamais l’occasion de démystifier le graffiti et de le promouvoir comme un art grand public.
Un autre graffiteur francophone dont le véritable nom demeurera un mystère est Astro. Depuis ses humbles débuts à Montréal il y a plus de 20 ans, il a fait sa marque avec un style aisément reconnaissable fait de créatures burlesques qui rappellent l’univers du dessin animé. Ses œuvres peuvent être vues sur divers supports puisqu’il travaille également comme illustrateur, quoique sa passion première demeure l’art de rue.
Issu du milieu du graffiti, Astro ne cherche pas tant à communiquer de messages qu’à focaliser plutôt sur la forme, le design. Ses créations empreintes d’un humour grinçant mettent le plus souvent en scène, comme c’est le cas sur « son » pilier de la rue King, de petits monstres plus mignons que menaçants et qui ne se rencontrent pas chez les autres artistes. « Il y a tout le temps des modes qui passent, explique-t-il. C’est un style très personnel. »
Le festival Masterpiece était organisé par le London Convention Centre et Downtown London, une association de marchands et d’institutions. Il n’est pas confirmé que l’événement soit reconduit l’an prochain et pour les années à venir, mais si c’est le cas, un nouvel espace public serait chaque fois mis en valeur dans le centre-ville qui, peu à peu, verrait ses murs être décorés de l’inspiration des meilleurs artistes.
PHOTO: Mique Michelle en pleine création d’un faucon pèlerin multicolore