OTTAWA – Dès mercredi midi, les frontières canadiennes seront fermées à tous ceux qui ne sont pas des citoyens canadiens ou des résidents permanents. Il y aura cependant certaines exceptions, notamment pour les Américains.
Le premier ministre Justin Trudeau en a fait l’annonce lundi après-midi, à la porte de sa résidence où il poursuit son isolement volontaire, sa conjointe ayant contracté la COVID-19.
« Les restrictions de voyage annoncées aujourd’hui ne s’appliqueront pas au commerce et aux échanges. Nous continuons de faire en sorte que le Canada puisse continuer à recevoir les marchandises importantes », a précisé M. Trudeau.
Qu’ils soient Canadiens ou Américains, tous les voyageurs devront être en bonne santé pour rentrer au pays. Les transporteurs aériens auront l’ordre d’empêcher toute personne qui présente des symptômes de la COVID-19 de monter à bord de leurs appareils, a ajouté le premier ministre.
M. Trudeau a également annoncé que seulement quatre aéroports canadiens accueilleront dorénavant les vols internationaux, et ce, jusqu’à nouvel ordre. Ce sont les aéroports de Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver.
« Pour l’instant, les vols intérieurs ainsi que les vols en provenance des États-Unis, du Mexique, des Caraïbes et de Saint-Pierre-et-Miquelon ne seront pas touchés par cette mesure », a précisé le premier ministre.
Cette mesure pour les aéroports s’appliquera à partir de mercredi, le 18 mars, à minuit et une.
Le gouvernement fédéral recommande à tous les Canadiens d’éviter tous les voyages à l’étranger non essentiels et aux voyageurs canadiens de revenir au pays dans les meilleurs délais.
« Je veux être clair: si vous êtes à l’étranger, c’est le temps de rentrer chez vous », a déclaré M. Trudeau.
Tous les Canadiens qui reviennent de l’étranger devraient s’isoler à la maison pendant 14 jours afin de vérifier s’ils ont des symptômes de la COVID-19.
Depuis lundi matin, l’Agence des services frontaliers a modifié les questionnaires sur les écrans tactiles qui accueillent les voyageurs dans les aéroports canadiens. On doit maintenant indiquer si on tousse, si on a de la difficulté à respirer et si on se sent fiévreux. Les voyageurs entrant au Canada doivent également confirmer qu’ils comprennent qu’ils doivent s’isoler volontairement pour 14 jours.
À Toronto, en fin d’avant-midi lundi, le premier ministre ontarien a joint sa voix à celles qui critiquent la gestion des frontières par le gouvernement Trudeau.
« Je suis très préoccupé par ce qu’on rapporte à propos des frontières, a dit Doug Ford. Il faut que le gouvernement fédéral resserre le contrôle aux frontières, s’assure que les dépistages se fassent correctement, et qu’il soit prêt à prendre des mesures plus importantes pour protéger la santé et la sécurité de tous les Canadiens. »
Le premier ministre Ford a discuté avec la vice-première ministre Chrystia Freeland, dimanche. Il raconte qu’elle lui a demandé s’il serait d’accord avec une fermeture des frontières, comme le réclame son homologue à Québec, François Legault.
« Je serais d’accord si on fermait les frontières aux visiteurs, mais pas au commerce », a indiqué M. Ford, qui a précisé que son opinion s’applique aussi à la frontière canado-américaine.
Il a insisté sur la nécessité de protéger la chaîne d’approvisionnement. Il veut un préavis d’un jour ou deux si Ottawa en arrivait là. Mais surtout, il veut que les marchandises continuent à circuler.
Lundi midi, le bilan national était de 356 cas diagnostiqués et 17 cas probables. C’est l’Ontario qui comptait le plus de cas confirmés: 177. Au Québec, on en était à 41.
La Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador étaient les seules provinces à n’avoir aucun cas confirmé. Trois cas en Nouvelle-Écosse et un seul cas à Terre-Neuve-et-Labrador sont encore sous enquête.
Le nombre de Canadiens rapatriés d’une croisière interrompue à avoir développé la maladie alors qu’ils sont en quarantaine, a doublé depuis vendredi, passant de deux à quatre. Ils sont 228 personnes isolées sur la base militaire de Trenton, en Ontario, depuis leur rapatriement mardi dernier de Californie. Ils avaient voyagé à bord du Grand Princess.
SOURCE : Lina Dib et Catherine Lévesque, La Presse canadienne