Sauter le petit-déjeuner fait-il vraiment engraisser, comme on l’entend souvent?

Une étude australienne publiée le 31 janvier par The BMJ remet cette croyance populaire en question en prévenant que les gens qui déjeunent consomment ensuite plus de calories pendant la journée. De plus, poursuivent les auteurs de la recherche, le fait de sauter le premier repas du jour n’est pas ensuite responsable d’une faim plus intense.

Les chercheurs admettent toutefois que leur étude ne règle pas le débat une fois pour toutes.

« On ne peut pas répondre à cette question-là, déjeuner ou ne pas déjeuner, de façon très claire, oui, non, il y a une grosse zone grise, réagi la professeure Pascale Morin, une spécialiste de la nutrition à la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke. La gestion du poids, c’est un concept qui est très complexe. »

Les scientifiques australiens ont épluché 13 études réalisées sur la question depuis 28 ans, principalement aux États-Unis et au Royaume-Uni. Ils ont constaté que les gens qui prenaient le petit-déjeuner consommaient, en moyenne, 260 calories de plus par jour que les autres. Ceux qui ne déjeunaient pas pesaient 0,44 kilo de moins.

La prise du petit-déjeuner pourrait aider à perdre du poids, car une absorption efficace de calories en début de journée empêcherait de trop manger pendant les heures qui suivent. Les chercheurs n’ont toutefois décelé aucune différence importante concernant le métabolisme de ceux qui déjeunent ou ne déjeunent pas.

De plus, contrairement à la croyance populaire, le fait de ne pas avoir déjeuné ne provoquait pas une faim plus intense pendant l’après-midi et n’influençait pas les dépenses d’énergie.

« Peu importe de déjeuner ou pas, ce qui va faire en sorte que tu vas prendre du poids, c’est le cumul des calories au cours de ta journée, ajoute Mme Morin. Et quand on lit le nouveau Guide alimentaire canadien, la tendance va vers la proposition qu’on fait aux gens de manger à leur faim. »

Conséquemment, poursuit-elle, un individu qui suit ses signaux de faim et de satiété va peut-être décaler l’heure de son déjeuner parce qu’il n’aura pas faim en se levant. « Ce retour vers une reconnexion à nos signaux de faim et de satiété peut être bénéfique pour tout le monde », dit-elle.

« La gestion de la faim est très variable d’un individu à l’autre, et même pour un même individu d’une journée à l’autre, d’un moment de la journée à l’autre, dit Mme Morin. Il y a plusieurs facteurs qui influencent les sensations de faim.

« Déjeuner ou ne pas déjeuner, c’est un phénomène complexe quand on regarde le déjeuner par rapport à la gestion du poids et mieux vaut suivre nos propres sensations de satiété. »

SOURCE : Jean-Benoit Legault, La Presse canadienne