Au sud de Sarnia, dans ce coin de pays où les cheminées d’usines se découpent sur l’horizon, et où tout l’espace n’est occupé que par les stationnements, les entreprises, les installations industrielles et les terrains vagues, se trouvait autrefois le village de Bluewater. Entre les rues Vidal Sud, Kenny et la route Churchill, près de 600 familles, dont la moitié était francophones, ont vécu de 1942 à 1966 dans cette agglomération prospère et dynamique qui fut annexée à Sarnia en 1951 mais dont il ne reste guère plus aujourd’hui qu’un souvenir.

Plusieurs de ces familles résident toujours dans la région et afin de marquer le 75e anniversaire de la fondation de ce village, des retrouvailles ont été mises sur pied le 12 août dernier. Pour ce qui est du lieu de la rencontre, le choix du comité organisateur, composé de Gaston Croteau, Serge Gauthier, Diane Gauthier et Judy McKellar, s’est arrêté sur le Centre communautaire francophone, ou plus précisément le grand gymnase du complexe scolaire attenant.

Là, plus de 200 participants ont passé une belle soirée à se divertir, avec au programme de la musique, de la danse et quelques gourmandises cuisinées par M. Croteau. Pour tous, ce fut aussi, et surtout, une belle occasion de se remémorer leur jeunesse en compagnie d’anciens voisins.

Bluewater était en effet une communauté « tissée serrée ». Ce sont les besoins des armées Alliées, pendant la Seconde Guerre mondiale, qui provoqua l’afflux initial de travailleurs. Ces derniers entreprirent, dès 1942, de construire leur quartier à quelques pas de l’usine Polymer où ils étaient employés. Plusieurs de ces travailleurs étaient des francophones du Québec, du Nouveau-Brunswick et d’ailleurs en Ontario.

Après la guerre, Bluewater a continué à prendre de l’expansion, parfois dans des circonstances difficiles dues à la difficulté d’obtenir des services publics. Malgré tout, il s’agissait d’une communauté vibrante, forte de plus de 2300 résidents qui s’étaient dotés d’un réseau d’institutions, d’organismes et de commerces. Mais, au début des années 1960, le développement rapide des industries environnantes força l’expropriation des résidents du quartier dont les derniers quittèrent en 1966.

Aujourd’hui, au plan matériel, seules quelques rues existent toujours pour témoigner de ce que fut Bluewater. Mais au plan socioculturel, le quartier a laissé en héritage la communauté francophone de Sarnia dont il a été le berceau.

PHOTO: Environ 200 personnes ont répondu à l’appel. (Courtoisie: Centre Jolliet)