Que réserve 2019 pour London? Bien qu’il soit impossible de savoir exactement ce qui se passera sur une aussi longue période, il n’en demeure pas moins que certains dossiers d’importance se dessinent pour les prochains mois.
Ainsi, la dynamique politique existant entre une ville et le gouvernement provincial est sans conteste une source d’opportunités ou de frustrations, tout dépendant des circonstances et des acteurs impliqués. De grands changements se sont produits à ce chapitre en 2018 et c’est ainsi qu’à peine quelques jours après être entré en fonction, le maire Ed Holder rencontrait le premier ministre Doug Ford. Tenue le 10 décembre, la rencontre fut cordiale, M. Holder qualifiant même cet échange d’« extrêmement positif ». Il faut dire que le maire avait sans doute déjà quelques affinités avec M. Ford, étant lui-même issu des rangs conservateurs. En effet, Ed Holder a été député de la circonscription fédérale de London-Ouest de 2008 à 2015 et a servi comme ministre d’État aux Sciences et à la Technologie sous Stephen Harper.
Malgré tout, le maire de London s’est heurté à la réticence du premier ministre en ce qui concerne le financement du transport en commun. Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne s’était engagé, en janvier 2018, à verser 170 millions $ pour le projet de réseau d’autobus à haut niveau de service. Le gouvernement fédéral avait de son côté promis 204 millions $ et la Ville de London était disposée à investir 130 millions $ dans cette initiative. Le projet aurait ainsi pu être mis en branle d’ici peu mais l’incertitude que fait planer Queen’s Park vient brouiller les cartes.
Ce n’est cependant pas M. Holder qui jettera de l’huile sur le feu sur cette question puisqu’il a souvent mis l’accent, durant sa campagne électorale, sur la nécessité pour une administration municipale d’entretenir de bonnes relations avec les deux autres ordres de gouvernement, d’autant plus que M. Ford n’a pas écarté non plus l’idée de soutenir des alternatives en matière de transport en commun.
L’emploi, le logement abordable et la crise des opioïdes sont d’autres sujets ayant été abordés par les deux hommes. Ainsi, Ed Holder a demandé au gouvernement ontarien de financer deux sites d’injections supervisées pour venir en aide aux gens qui sont aux prises avec une dépendance. Sur cette question comme sur celle du transport en commun, c’est en janvier que l’Hôtel de Ville sera fixé sur les intentions de Queen’s Park.
Le mois de janvier verra aussi la Ville se prononcer officiellement sur les boutiques de vente de cannabis. En effet, les municipalités ont jusqu’au 22 janvier pour déterminer si elles acceptent d’en voir l’ouverture sur leur territoire. Comme le comité sur les services communautaires et de sécurité publique s’est prononcé en faveur et puisque M. Holder a lui-même affirmé ne pas voir de problème à ce que le cannabis soit vendu à London, l’issu du vote du conseil municipal ne laisse guère place au suspense.
Dans un tout autre ordre d’idées, il est un secteur économique de London qui pourrait subir les contrecoups de l’actualité internationale. Après des semaines de tergiversation, Justin Trudeau semble s’être réveillé quant à ce que représente le régime saoudien et, dans la foulée de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans lequel le prince héritier du royaume est vraisemblablement impliqué, a déclaré en décembre que le Canada pourrait mettre un terme au commerce d’armement avec ce pays. Son commentaire a soulevé des inquiétudes à London où la firme américaine General Dynamics Land Systems produit des véhicules blindés légers pour l’Arabie saoudite. Même si, en 2019, M. Trudeau décide de faire profil bas sur cette question et de maintenir les relations canado-saoudienne au beau fixe, il n’est pas dit que le conseil d’administration de l’entreprise continuera de voir le Canada comme un pays sur lequel il peut compter.
Ces considérations, très importantes pour les travailleurs de cette industrie, paraîtront virtuelles à ceux qui font face à un dilemme des plus concrets et intimement lié aux réalités municipales : l’achat d’une maison. Ceux qui se magasinent une résidence à London auront remarqué combien les prix ont augmenté, ce qui n’est guère surprenant lorsque l’on sait que les coûts de construction se sont accrus de 30 à 40 % au cours des deux dernières années. Le manque de main-d’oeuvre et de terrains disponibles sont les deux principales causes de ce phénomène qui a propulsé le coût moyen d’une maison unifamiliale nouvellement construite au-dessus des 550 000 $. Les prix continueront d’augmenter, non seulement parce que l’industrie de la construction peine à satisfaire à la demande, mais aussi parce que la Ville de London devrait prochainement imposer des hausses de frais aux entrepreneurs en construction.
Tout n’est pas qu’inquiétude et mauvaises nouvelles. La carrière de gravier du quartier Byron, près du parc Springbank, devrait bientôt cesser ses activités et la Ville se penche présentement sur ce que le site pourrait devenir. Une chose est sûre : les lieux seront à usage collectif et serviront à des fins récréatives. Jardin botanique, amphithéâtre, sentiers pour vélos de montagne, etc. : plusieurs idées sont sur la table. Comme quoi il y a aussi du bon à vivre à London!