On en vient parfois à se demander qu’est-ce qui peut bien se passer avec notre monde pour que tout soit devenu à ce point compliqué. Fini le temps où les activités les plus banales pouvaient s’accomplir avec insouciance : il semble que tout et rien puissent aujourd’hui nous rendre malade, nous blesser, nous tuer. Dernière menace en date : la maladie de Lyme. Ce nom a récemment fait son apparition dans les médias et dans le catalogue, déjà volumineux, des problèmes de santé qui peuvent frapper le vacancier imprudent. Car c’est le plus souvent en forêt que ce mal se contracte, particulièrement au printemps et au début de l’été. Alors que plusieurs songent au camping, aux excursions de pêche et aux balades en nature que le beau temps permettra bientôt, il est primordial d’être bien informé quant à cette maladie et aux moyens de s’en prémunir.

Découverte en 1977 suite à une série de cas ayant frappé la ville de Lyme, au Connecticut, cette maladie a depuis fait des milliers de victimes aux États-Unis et au Canada. C’est un minuscule insecte, la tique, qui en est porteur. Elle se trouve surtout dans les forêts, les boisés et les herbes hautes. La tique se nourrit de sang, tant celui des animaux que des humains, et c’est là la source du problème. En effet, ce régime en fait un vecteur de bactéries, dont une, nommée Borrelia burgdorferi, cause la maladie devenue aujourd’hui le cauchemar des plaisanciers.

Après une morsure de tique infectée, les symptômes apparaissent généralement entre 3 et 30 jours plus tard. L’indice le plus visible et le plus fréquent est l’apparition d’une étrange rougeur qui s’étend pour atteindre plus de cinq centimètres de large. Fatigue, fièvre, maux de tête, frissons, douleurs musculaires, gonflement des ganglions lymphatiques et raideur à la nuque constituent les autres symptômes de la maladie de Lyme. À ce stade, le malade doit consulter un médecin qui lui prescrira des antibiotiques pour une durée dépendant du stade de l’infection.

Les symptômes ne se limitent en effet pas à ceux-ci. Avoir accès à un traitement le plus rapidement possible est essentiel, sans quoi la maladie se fera plus grave. Pendant plusieurs mois, le malade sera ainsi victime d’éruptions cutanées, d’arthrite, de faiblesse généralisée, de palpitations cardiaques et de paralysie faciale. Cette liste de symptômes n’est pas complète et s’allonge presque indéfiniment au troisième stade de la maladie. La bactérie peut en effet s’attaquer à tous les organes et peut migrer d’un endroit à un autre dans le corps. Elle peut entrer en sommeil pendant un certain temps pour redevenir active suite à un stress ou un problème de santé. Outre les symptômes précédemment décrit s’ajoutent des troubles de la mémoire, de la douleur aux articulations, des picotements, une sensation de brûlure, des problèmes de sommeil, une guérison lente des blessures, la difficulté à se concentrer, etc. De nombreux autres malaises se développent en fonction de la partie du corps qui est touchée (système nerveux, digestif, cardiaque, etc.). De manière générale, le malade ne parvient jamais à se sentir bien et perçoit une détérioration graduelle de son état de santé qui s’étire sur des années. À ce stade, il est difficile pour les médecins de diagnostiquer la maladie, devenue chronique, et de lui offrir un traitement efficace.

Comment se prémunir contre la maladie de Lyme? Puisque la tique est un insecte qui s’agrippe aux animaux et aux humains qui passent à ses côtés, de simples précautions vestimentaires s’imposent pour se protéger contre les occasions les plus évidentes d’être mordu. Éviter d’avoir la peau à découvert et porter des vêtements de couleurs claires, pour faciliter le repérage de tiques qui pourraient s’y trouver, est un bon début. L’utilisation d’un insectifuge est également recommandée. Après une activité en forêt ou près d’un boisé, un examen attentif des vêtements et de la peau, avant d’entrer à l’intérieur de la maison, est souhaitable. Pour les animaux de compagnie, il faut les empêcher de pénétrer dans les buissons et les hautes herbes. Des produits contre les tiques existent aussi à leur intention.

Lorsque l’on se fait piquer par une tique, il faut la retirer délicatement, avec une pince à épiler par exemple, et si possible la mettre dans un bocal ou un sac de plastique fermé hermétiquement. En la conservant, il sera possible au médecin de la faire analyser, ce qui pourrait faciliter le traitement si des symptômes apparaissent. Toutefois, une simple morsure ne signifie pas nécessairement qu’il y a eu transmission de la maladie même si la tique en est porteuse. En effet, une morsure de tique ne se produit pas en un instant. L’insecte restera fixé à sa victime pendant plusieurs jours pour sucer son sang et, comme la bactérie Borrelia burgdorferi met en général plus de 24 heures à passer de la tique à sa proie, il est facile d’éviter le pire par un examen de la peau et en prenant une douche après chaque sortie en forêt.