À Sarnia, le Réseau-femmes tient chaque mois une rencontre nommée « Entre nous », lieu d’échange, d’apprentissage et de réflexion. Le 22 janvier dernier, en fin d’après-midi, ce sont les crimes d’honneur au Canada qui furent le thème de la présentation.

L’intervenante Nathalie Ouattara a débuté la rencontre par une description de ce que sont les crimes dits « d’honneur ». Il s’agit d’un acte commis sur une femme ou une fille par un membre de sa famille ou un ami proche de la parenté afin de la punir d’un comportement qui ne respecte pas la tradition. C’est donc plus souvent une question de culture que de religion. Les faits reprochés sont considérés comme portant atteinte à l’honneur de la famille, du clan ou de la tribu et, pour racheter cet honneur, la coupable doit être punie sévèrement, généralement par la mort.

Le public associe généralement le concept de crime d’honneur au Pakistan, à l’Inde, au Bangladesh et autres pays à propos desquels les médias rapportent souvent des cas de viols, d’attaques à l’acide et de meurtres perpétrés sur des femmes. Or, des ressortissants de ces pays immigrent au Canada en emportant parfois avec eux les facettes les plus sombres et les moins avouables de leur culture. L’ampleur des crimes d’honneur au Canada est très méconnue, mais Mme Ouattara en a mentionné quelques exemples.

Le cas le plus médiatisé est sans doute celui de la famille Shafia. Les participantes à la rencontre ont d’ailleurs visionné un reportage sur cette triste histoire. En 2009, Rona Amir Mohammad, première épouse de Mohammad Shafia dans le cadre d’une union polygame, et ses belles-filles Zainab, Sahar et Geeti, trois adolescentes, sont retrouvées mortes dans une voiture jetée dans le canal Rideau, près de Kingston. L’enquête établira la culpabilité de Mohammad Shafia, de sa seconde épouse Tooba et de leur fils Hamed. La première épouse avait été tuée parce qu’elle voulait demander le divorce afin de fuir la violence de son mari, et les trois filles parce qu’elles souhaitaient s’émanciper et s’engager dans des relations amoureuses sans le consentement de leur famille. Le reportage était émaillé de témoignages de membres de leur entourage, évoquant notamment ce qui aurait pu être fait pour éviter le drame.

Les participantes à la rencontre ont eu l’occasion de discuter des tenants et aboutissants de ce type de crime au Canada. Voilà en effet un sujet qui regroupe bien des questions sensibles : violence faite aux femmes, intégration des immigrants, traditions discutables, etc. À ce propos et comme pour d’autres thématiques, les « Entre nous » du Réseau-femmes sont toujours une occasion d’apprendre et de réfléchir.

Photo: Nathalie Ouattara échange avec une participante.