Les relations humaines passent à l’essoreuse depuis déjà un bon moment à cause de la pandémie. Comment être là pour quelqu’un lorsqu’on se retrouve au bout du rouleau, écrasé par ses tâches quotidiennes?

Les chercheurs nomment les conflits comme cause principale de la détérioration des liens. C’est étonnant, car les pertes d’amitié résultent rarement de disputes, selon les études prépandémiques.

Nicole Leblanc, une retraitée, raconte avoir été abasourdie à la découverte de propos anti-masques de certaines personnes autour d’elle. « Tout à coup, l’amitié devient très politique sur une matière d’actualité. Lorsqu’on est déjà épuisé de son quotidien, ce sont ces amitiés-là qui sautent rapidement, car elles sont les moins faciles à gérer », partage la sexagénaire.

Par le passé, les relations amicales ont toujours été parmi les plus libres, sans trop de responsabilités ou de contrat, par rapport à un mariage par exemple. Le bris de ces liens se fait sans trop de dommage, lentement au fil du temps. Maintenant, la rupture peut se faire vite, entre deux personnes émotionnelles et le renouement est moins envisageable.

Chez les colocs, plusieurs tensions peuvent se présenter au sein de la résidence. Un membre du groupe étant plus rigide face aux mesures sanitaires tandis que les autres sont plus relaxes. Dans les grandes villes, les jeunes en cohabitation sont retournés vivre chez leurs parents, question d’argent, mais aussi d’inconfort face à cette réalité.

L’enquête Vico, une étude menée auprès de 16 000 Français, dont les résultats sont parus sous le titre Personne ne bouge : Une enquête sur le confinement du printemps 2020 affirme que les relations les plus touchées sont les amitiés (30,4 %), suivies des liens familiaux (29,1 %).

Pas drôle cette histoire, surtout lorsqu’on sait que les personnes entourées d’amis proches ont un taux de survie de 50 % supérieur à celles plus isolées socialement, par exemple à la suite d’un trouble de santé. L’effet d’avoir de bons copains serait aussi bénéfique que d’arrêter de fumer.

Bien qu’imparfaite, la technologie semble offrir un peu de répit aux relations détériorées. « J’ai beaucoup profité des activités offertes sur Zoom pour du contact humain au début, puis on se tanne et puis on s’y remet quand ça nous manque à nouveau », avoue Nicole Leblanc.

Elle partage sa volonté et la nécessité de rester active dans sa sphère sociale. « Moins on en fait, moins on est capable et moins ça nous tente. C’est un cercle vicieux qu’il faut éviter à tout prix », explique-t-elle.

Pas certain vers qui se tourner? Il est possible d’entretenir une amitié avec une connaissance qu’on n’a peut-être jamais ou rarement rencontrée en personne. L’essentiel, c’est d’avoir le sentiment d’être en conversation avec cette autre personne. Faire partie d’un groupe privé en ligne avec des gens qui vivent la même réalité peut parfois servir de refuge aussi réconfortant qu’un ami de longue date.

 

SOURCE – Élodie Dorsel