Le 28 mars dernier, l’ACFO London-Sarnia accueillait l’avocat Terry Guerriero pour un atelier portant sur le projet de loi fixant de nouvelles balises quant à l’obtention de la citoyenneté canadienne. Me Guerriero est un des rares avocats de London à pouvoir s’exprimer en français et c’est un spécialiste des questions légales touchant l’immigration. Les participants ont ainsi pu connaître en quoi la nouvelle loi affectera leur vie ou celle de leurs clients, car des représentants d’organismes étaient aussi présents.
Joseph Nsabimana, conseiller pour le Centre d’aide aux victimes de guerre et de crimes haineux, était responsable de l’organisation de l’activité. Travaillant auprès d’une clientèle immigrante, c’est en connaissance de cause qu’il a constaté comment cette loi toucherait ceux qui entreprendraient les démarches pour demander la citoyenneté. « Dans le cadre des modifications de la loi, le gouvernement propose certains changements pour rendre les demandes plus efficaces », explique M. Nsabimana. Le processus sera simplifié de sorte qu’il devrait à l’avenir se dérouler en moins d’un an et devrait permettre de mieux combattre la fraude. Cependant, le projet de loi propose aussi d’augmenter à quatre années sur six la présence obligatoire en sol canadien des demandeurs de citoyenneté. Actuellement, ce ratio est de trois années sur cinq. Le calcul du temps passé au Canada se fera désormais à partir de l’obtention du statut de résident permanent et non plus, comme c’était encore le cas pour certains, depuis l’obtention du statut de réfugié. Qui plus est, les frais d’une demande pour un adulte sont passés de 100 $ à 300 $.
« Cette loi n’a pas été bien accueillie par les immigrants car c’est plus limitant. Il y a plus de temps d’attente [en ce qui a trait à la présence au Canada]. Aussi, les personnes âgées qui n’ont pas pu aller à l’école seront obligées de passer un test linguistique », poursuit Joseph Nsabimana. Selon lui, les nouveaux arrivants perçoivent cette loi comme étant le symptôme d’un gouvernement devenant plus strict et rigoureux en matière d’immigration.
Une vingtaine de personnes ont assisté, dans les bureaux de l’ACFO de London, à cet atelier-conférence au cours duquel
Me Guerriero a expliqué en détail les changements à venir tout en répondant aux questions. Comme le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Chris Alexander, n’a déposé cette loi au Parlement que récemment, soit le 6 février, et que celle-ci est toujours à l’étude, il est encore difficile d’en connaître tous les tenants et aboutissants. Ainsi, selon Terry Guerriero, une incertitude subsiste quant à savoir si cette loi touchera tout le monde ou si les immigrants arrivés au pays avant son adoption seront soumis à l’ancienne loi. Se basant sur son expérience, Me Guerriero croit cependant que ce ne sera pas le cas car le ministère ne procède habituellement pas ainsi : « J’ai eu un client, prend-il comme exemple, qui a appliqué alors qu’il n’y avait pas d’exigences linguistiques et on lui a dit qu’il devait s’y soumettre. »
Cependant, même si la nouvelle législation pourrait en contrarier certains, il ne semble pas qu’elle puisse changer le dénouement final quant à l’intégration des immigrants. « Il n’y a pas beaucoup de plainte quant à la citoyenneté car la grande majorité des demandes sont acceptées », rappelle Terry Guerriero.