Au cours de l’hiver, c’est à la pièce Tartuffe, de Molière, que s’est attelée la troupe de théâtre L’On Donne du département d’études françaises de l’Université Western. Après plusieurs semaines de préparation, ce ne sont pas moins de quatre représentations que les comédiens réservaient à leur public, du 20 au 23 mars, au Grand Theatre.

Bien que chaque troupe théâtrale ait le privilège de mettre en scène les classiques au gré de sa fantaisie, le matériel de base demeure le même pour toutes. Dans le cas de Tartuffe, cette pièce fut écrite et présentée pour la première fois dans les années 1660. Maints remaniements de son texte furent nécessaires pour qu’elle puisse être pleinement accessible au public : les débats entre l’Église catholique de France et les jansénistes – sorte de faction politico-religieuse rigoriste au sein de celle-ci – avait alors créé un climat social impropre à tout divertissement qui pouvait toucher, même de loin, la question de la foi.

Or, dans Tartuffe, ce n’est pas tant la foi qui est en cause que son absence. Le récit, dans ses grandes lignes, est connu et le nom même du personnage principal est entré dans le vocabulaire comme synonyme d’hypocrisie.

En un lieu et une époque indéterminés mais dans lesquels les premiers spectateurs de la pièce pouvaient se reconnaître, Orgon, un père de famille naïf, recueille sous son toit Tartuffe, un homme qu’il croit être un véritable saint. Or, celui-ci est loin d’en être un et profite de la crédulité de son hôte pour vivre à ses dépends et, au gré de ses manipulations, reçoit même d’Orgon le don de sa maison. La duplicité de Tartuffe est éventée lorsqu’il est surpris tentant de séduire l’épouse d’Orgon qui décide alors de le chasser de chez lui mais en vain, puisque la demeure ne lui appartient plus. Alors que la famille est sur le point d’être expulsée, un officier du roi démasque Tartuffe et révèle qu’il est un fraudeur recherché. Le faux dévot est alors arrêté et les biens sont restitués à la famille à son grand soulagement.

La mise en scène était signée Mario Longtin, professeur au département d’études françaises et pilier de la troupe L’On Donne. Un de ses collègues, David Heap, interprétait Orgon. Le reste de la distribution, dont Tetzner Bien Aimé dans le rôle-titre, était constitué d’étudiants : Umut Incesu, Emma Butterworth, Florian Ponty, Emma Harmos, Felipe Vicencio-Heap, Stella Pei, Lucas Wasiak, William Tran et Jessica Novial. Cette dernière, dans le rôle de Dorine, offrait avec MM. Heap et Bien Aimé des réparties parmi les plus savoureuses de la pièce.

La représentation focalisait d’ailleurs pour l’essentiel sur le texte. Le décor, les accessoires et les costumes se réduisaient en un strict minimum qui faisait fi de l’histoire et même de la logique, un zest d’absurde caractérisant le tout. Par contre, l’environnement sonore était plus élaboré et meublait l’espace scénique en lieu et place des attributs d’une maison.

La troupe L’On Donne a donc encore une fois offert une prestation des plus intéressantes d’un classique francophone, une habitude chez ces passionnés.

PHOTO: Les comédiens et le metteur en scène réunis le temps d’une photo