De nombreux Canadiens n’étaient pas préparés à la pandémie de COVID-19, mais pas Dave MacDonald. Tandis que certains se sont rués vers les magasins pour faire des réserves de papier hygiénique et de nourriture, M. MacDonald se la coulait douce avec sa femme et ses deux fils dans leur maison reculée du sud du Manitoba.
Ils vivent « hors réseau », ou « off-grid » en anglais, à proximité de la ville de Lac du Bonnet et cultivent dans leur propre cour près de la moitié du contenu de leur assiette. M. MacDonald pratique également la chasse.
« Je n’ai même pas besoin de papier de toilette, dit l’homme âgé de 55 ans. Je peux utiliser de la neige, des feuilles ou mes mains. La neige est l’option la plus stimulante. »
M. MacDonald fait partie d’une communauté grandissante de survivalistes, qui se préparent à d’éventuels désastres pouvant faire tomber en ruines les infrastructures et les gouvernements.
Un regain d’intérêt envers ce mouvement a été observé depuis le début de la pandémie.
M. MacDonald, qui donne des cours de survie, a mené une longue carrière en tant que spécialiste en recherche et sauvetage au sein de l’Aviation royale canadienne.
« J’ai vu des écrasements d’avion. J’ai vu des navires en feu. J’ai vu des gens tomber par-dessus bord. J’ai vu des hélicoptères s’écraser. J’ai vu des trains dérailler. J’ai vu des usines exploser. J’ai vu des guerres éclater partout », dit-il.
« Les gens se mettent dans le pétrin parce qu’ils se disent : « Oh, ça ne m’arrivera jamais. » Et puis quand ça arrive – parce que ça arrive – , ils ne sont pas préparés. »
La COVID-19 est l’un de ces événements auxquels les gens n’étaient pas prêts à faire face, dit M. MacDonald, qui s’explique ainsi la hausse des inscriptions à son école, l’International Canadian School of Survival.
Il donne des formations sur les armes à feu et les techniques de survie de base telles que le rationnement alimentaire, la navigation terrestre et l’allumage de feux. Son nombre d’étudiants a doublé, et même quadruplé en ligne, depuis le début de la pandémie.
Certains survivalistes appréhendent peut-être la fin du monde, mais pour M. MacDonald, il s’agit plutôt d’être prêt à différentes éventualités.
Il décline le survivalisme en trois catégories: la survie en cas d’urgence, l’apprentissage de techniques primitives, et l’art des bois ou « bush craft », qui consiste à développer ses compétences dans la nature.
Un mode de vie plus simple
Ryan Pearce, lui, ne vit pas hors réseau. L’homme de 35 ans de Saskatoon voit l’art des bois comme un loisir. Sa communauté en ligne appelée « Preppers & Survivalists of Canada » compte plus de 6000 membres.
Depuis le début de la pandémie, leurs rangs ont grossi de 50 %, dit-il.
« Certains nouveaux membres sont des mamans qui demandent comment réfrigérer leur viande comme le faisaient nos grands-parents ou tout simplement préparer des aliments cultivés dans le jardin ou chassés », rapporte M. Pearce.
De plus en plus de Canadiens et d’Américains achètent des propriétés éloignées dans les régions rurales de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, constate pour sa part Jonathan Rawles, cofondateur du site web Survival Realty.
« Depuis que la pandémie et la panique autour du coronavirus ont commencé, on a vu doubler le trafic web et l’intérêt pour les propriétés rurales de survie à distance hors réseau », affirme-t-il.
Joint chez lui en Idaho, M. Rawles a expliqué que de nombreux acheteurs sont attirés par un mode de vie plus simple. « On voit des gens préoccupés par le virus en étant dans une ville densément peuplée. Mais on voit aussi des gens qui ont maintenant la liberté de déménager et de vivre où ils le veulent grâce au télétravail ».
Le gouvernement canadien recommande aux citoyens d’être prêts à tenir le coup pour au moins 48 heures en cas de catastrophe, rappelle Dave MacDonald.
Il faut « espérer que tout ira pour le mieux, mais se préparer au pire », dit-il.
SOURCE – Fakiha Baig (Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse canadienne pour les nouvelles.)