Bricks, goélettes et grands voiliers étaient de retour à Sarnia du 9 au 11 août dans le cadre de Tall Ships Celebration, un festival mettant en vedette les navires à « vieux gréement », c’est-à-dire la façon traditionnelle de manoeuvrer la voilure. Sous l’oeil des festivaliers et de la population en général, la rivière St. Clair s’est donc peuplée de ces impressionnants bâtiments qui, s’ils ne sont souvent pas aussi vieux qu’ils en ont l’air, n’en éveillent pas moins toujours une fascination pour une époque révolue qui fut pleine d’aventure.
L’événement se doublait de plusieurs activités dont des concerts en plein air. Ce sont cependant vers le port de Sarnia et la baie face au parc Centennial que les regards se sont le plus souvent tournés. Heureusement, le soleil était de la partie et la foule s’est faite nombreuse pour admirer des bateaux dont les noms sonneront familiers même aux néophytes.
Ainsi en est-il du Bluenose II, le plus célèbre schooner canadien. L’original de ce bateau de pêche et de course avait été construit en Nouvelle-Écosse en 1921. Jusqu’à son nauvrage 25 ans plus tard, la vitesse du Bluenose s’est avérée imbattable dans les compétitions internationales et le vaisseau jouissait d’une renommée qui lui a valu de représenter le Canada dans plusieurs événements. Il figure depuis 1937 sur les pièces de 10 sous et les collectionneurs connaissent la valeur des timbres sur lesquels il a été immortalisé. Fierté de la Nouvelle-Écosse, le Bluenose apparait également sur les plaques d’immatriculation de cette province. L’original étant perdu, une réplique fut construite en 1963 et perpétue le souvenir de ce bateau légendaire.
Un autre navire bien connu des résidents du pourtour des Grands Lacs pour ses fréquentes visites est l’Empire Sandy. Difficile de le rater puisqu’il est le plus grand vaisseau canadien à vieux gréement. C’est cependant en Grande-Bretagne qu’il a été construit en 1943. Son propriétaire actuel, Nautical Adventures, en a fait l’acquisition dans les années 1970 et l’a converti en bateau de plaisance. Sa popularité ne s’est jamais démentie et les croisières offertes à son bord sont aujourd’hui fort courues.
Le Nao Santa María était également de la partie. Peu de bateaux illustrent avec autant d’éloquence l’intérêt généré pour les répliques. Ce vaisseau, construit en 2016-2017 en Espagne, était le plus jeune de tous ceux rassemblés à Sarnia et, pourtant, avait l’air le plus vieux puisque bâti sur le modèle de la caraque sur laquelle s’est embarqué Christophe Colomb en 1492 pour son voyage vers le Nouveau Monde. Nul besoin de préciser que le Nao Santa María ne passait pas inaperçu sur la rivière St. Clair! Il ne s’agit pas de la première ni de la seule reconstitution du vaisseau de Colomb mais celle-ci se distingue par la qualité de sa construction qui, tout en conservant une authenticité dans le style, a nécessité des matériaux et des techniques qui assurent la durabilité du bâtiment, sa facilité d’entretien et son faible impact environnemental.
D’autres bateaux, tout aussi grands et tout aussi beaux, figuraient au programme de cette fin de semaine haute en couleur. Sarnia était définitivement la ville où il fallait être au cours des derniers jours pour rêver de voyages au grand large.
PHOTO: L’Empire Sandy (à gauche) rencontre sur son passage le Nao Santa María sous le pont Bluewater.