En novembre, la Dre Joanne Liu, ancienne présidente internationale de Médecins sans frontières, s’est jointe à la gouverneure générale Julie Payette pour une discussion virtuelle en direct concernant la gestion des pandémies mondiales, y compris les réactions des gouvernements face à la COVID-19.

Dre Liu a d’abord partagé son inquiétude face à ce qu’elle appelle un déficit d’attention chronique. « Une fois la crise passée, les gens se disent l’avoir échappé belle et retournent vite à leurs habitudes », confirme-t-elle. Elle espère que les gouvernements et les citoyens puissent grandir et apprendre de cette expérience, aussi marquante qu’elle soit.

Souvent, les crises, telle une pandémie, forcent les gens à mettre à jour leurs mécaniques de réponse et plusieurs solutions sont présentées et notées en prévision de futures pandémies. Dre Liu affirme que ce ne sont pas les bons plans d’action et d’aide qui manquent, mais bien leur mise en œuvre concrète. Elle maintient que pour être prêt à faire face à une prochaine pandémie, il faut d’abord se consacrer à un exercice d’analyse et de réflexion de ce qui s’est passé avec la COVID-19.

Cette réflexion servirait à identifier les points faibles du plan d’action comme première étape vers une amélioration des tactiques. L’ancienne présidente internationale de Médecins sans frontières suggère que le dossier de préparation doit s’intéresser au pire des scénarios pour justement pouvoir s’y préparer. « Quand on se prépare pour le pire, dit-elle, on bénéficie d’une sorte de buffer »

Les pays qui semblent le mieux gérer la pandémie sont ceux qui bénéficient d’un engagement communautaire très élevé. Autrement dit, le peuple joue un très grand rôle pour contenir la propagation d’un virus.

En temps de crise, Mme Liu reconnaît aussi l’importance d’un leadership fort et un gouvernement en qui les citoyens peuvent avoir confiance. Une communication honnête, transparente et cohérente est essentielle pour maintenir l’ordre et la compréhension.

Au cours de cet entretien, la gouverneure générale a aussi abordé la question du vaccin et des inquiétudes de la population canadienne face à celui-ci. « Il faut réexpliquer ce qu’est un vaccin, affirme celle qui faisait partie de l’équipe médicale lors de l’épidémie de choléra en Haiti. C’est normal que les gens aient des hésitations et au lieu de faire la sourde oreille, il faut comprendre les craintes. » Dans l’hôpital où elle travaille maintenant, Joanne Liu observe que « souvent quand on prend le temps d’expliquer, les gens sont immédiatement plus ouverts à l’idée ».

Dre Liu, qui a participé à plus de 20 voyages humanitaires au cours de sa carrière, tient « à ne pas banaliser la mort, surtout quand c’est outre-mer. Il faut s’engager envers la vie ».

Pour ce qui est des restrictions, Mme Liu ne sait pas quelle est la meilleure manière de procéder. Pour elle, il n’est pas possible de mettre la vie sur pause, même pendant une crise. Il faut donc comprendre comment gérer les deux en même temps.

En observant les pandémies précédentes, on remarque que les dommages collatéraux sont toujours énormes et sous-estimés. Dre Joanne Liu souhaite que les gouvernements se préoccupent davantage de l’impact de la pandémie sur la santé mentale. « Nous n’allons pas sortir intacts de cette crise sans soins en santé mentale », conclut Dre Liu.

Pour visionner la vidéo de l’entrevue : https://www.gg.ca/fr/ggconversations

SOURCE – Élodie Dorsel

PHOTO – Dre Joanne Liu