Plusieurs fois par année, le Musée de London renouvelle ses expositions, dont les plus récentes ont d’ailleurs accueilli leurs premiers visiteurs en mai et seront en montre jusqu’à la fin de l’été. Chacune s’inspire de thématiques liées à la mémoire et au temps qui passe. Deux de ces expositions, à l’approche très conceptuelle, requièrent néanmoins des visiteurs une ouverture d’esprit, une attention soutenue et un désir de s’interroger qui sont indispensables afin de pouvoir être appréciées.
C’est d’abord avec All is Well que les visiteurs, à l’étage, entament leur expérience. Il s’agit de la première exposition solo d’Akram Zaatari, un artiste originaire du Liban. Ce pays a connu un passé tumultueux et Zaatari en donne un aperçu, notamment par le biais de l’écrit. En effet, de tous les évènements à grande ou petite échelle qui se déroulent au cours d’un conflit armé, la rédaction de documents et le sort des archives sont probablement parmi ceux qui retiennent le moins l’attention. Leur importance n’en est pas moins grande : correspondance entre un prisonnier et ses parents, lettres échangées entre amoureux, textes rédigés en code pour échapper à l’ennemi, etc., voilà autant de témoignages matériels aussi instructifs que fragiles sur la réalité de la guerre.
Chronologues emmène le visiteur sur le chemin de la mémoire. Une quinzaine d’artistes, employant des matériaux divers mais surtout la photographie, explorent l’éphémère et la façon mystérieuse dont les souvenirs se forment. La Guerre froide vient ainsi hanter quelques recoins de l’exposition par la présence de John F. Kennedy et John Diefenbaker. Ailleurs, une série de photos fait revivre l’enivrement d’un voyage au long cours sur les routes des États-Unis. Plus loin, les photos d’êtres chers sont utilisées dans des installations qui ne manquent pas d’imagination ou retouchées d’une manière qui leur confère un aspect énigmatique. Quelques films et objets hétéroclites complètent la gamme des matériaux utilisés pour cette exposition sibylline.
Pour l’exposition Remember When, le personnel du musée a rassemblé une collection d’objets commémoratifs. Le visiteur côtoie quelques exemples, tirés d’un passé distant, de ce désir d’associer un évènement ou un lieu à un souvenir matériel. Les fameux bibelots que plusieurs collectionnent au gré de leurs voyages ne sont pas une invention récente… Mais il n’y a pas que le tourisme qui génère son lot de babioles : les visites royales, les victoires militaires, les succès scolaires, les inaugurations, etc. sont autant d’occasions d’immortaliser dans un petit objet symbolique un instant cher à ceux qui l’ont vécu. Cette exposition, davantage axée sur l’histoire et le patrimoine, est plus accessible que les deux autres, marquées au sceau de l’abstrait.
All is Well et Chronologues seront présentées jusqu’au 14 août alors que Remember When le sera jusqu’au 11 septembre.
Photo: Un journal de route en images dans l’exposition Chronologues.