C’est un trait distinctif du Canada anglais : les guerres auxquelles le pays a participé au cours des deux derniers siècles y sont commémorées avec solennité jusque dans les petits villages. Statues, cénotaphes et centres d’interprétation rappellent les aventures, les souffrances et les exploits de ceux qui ont porté les armes dans l’un des trop nombreux conflits ayant marqué le passé lointain et récent. Le comté d’Elgin a lui aussi son musée d’histoire militaire, situé au 30, rue Talbot, à St. Thomas.
En plus de vulgariser le passé, le musée a pour fonction de perpétuer le souvenir des soldats originaires du comté d’Elgin. Les bénévoles responsables de son administration et de l’accueil des visiteurs s’efforcent ainsi de compiler les noms et le récit de tous ceux ayant combattu. Le plus gros contingent est sans surprise lié aux deux Guerres mondiales : des dizaines de cartables rassemblent les photos et l’histoire de plus de 9000 soldats dans une pièce spécialement aménagée à cet effet.
De la guerre anglo-américaine de 1812-1815 jusqu’à la guerre en Afghanistan, le musée raconte en images, cartes, artéfacts et reconstitutions les péripéties vécues par des générations de soldats. Parmi les curiosités qui peuvent y être vues figurent des exemplaires d’« art des tranchées », c’est-à-dire de petites gravures ou sculptures que les soldats façonnaient dans leur temps libre avec ce qui leur tombait sous la main. Dans un tout autre ordre d’idée, la vie religieuse des soldats, une réalité bien souvent oubliée, est mise en valeur par un ensemble portatif pour dire la messe et donner les derniers sacrements, don d’un ancien aumônier militaire. Le musée compte également dans sa collection environ 600 insignes des Nations Unies et de l’OTAN. Mais l’artéfact le plus imposant ne se trouve pas derrière une vitrine. C’est en effet le Musée d’histoire militaire qui est propriétaire du HMCS Ojibwa, un sous-marin des années 1960 qui est se trouve aujourd’hui à Port Burwell et qui peut être visité.
Dérogation non négligeable à son mandat mais obligation quasi inévitable puisqu’il s’agit d’une célébrité locale, le musée consacre une exposition à Jumbo l’éléphant. Il s’agissait d’un animal de cirque très connu au XIXe siècle et qui mourut accidentellement en 1885 lorsque frappé par une locomotive à St. Thomas. À l’époque, son image et son nom ont engendré de nombreux produits dérivés dont quelques exemples sont présentés dans le musée.
Un évènement d’envergure planétaire se compose d’innombrables évènements locaux. Le musée d’histoire militaire du comté d’Elgin rappelle cette réalité en jouant sur les deux tableaux, que ce soit, d’une part, les guerres en sol européen ou ailleurs et, d’autre part, les gens d’ici qui y ont participé. Ouvert de 13 h à 17 h du mardi au vendredi et de 9 h à 17 h le samedi, il est également, de mai à septembre, accessible au public le dimanche de 14 h à 17 h.

Photo:  L’USS Niagara, un navire américain de la guerre de 1812-1815