La pandémie de la COVID-19 fait ressortir le besoin d’augmenter le nombre de toilettes publiques à travers le Canada, tout particulièrement au moment où l’allègement des mesures de confinement incite les gens à passer plus de temps à l’extérieur de leur résidence, soulignent des militants et des experts.
La crise sanitaire génère une attention accrue sur un dossier qui, de longue date, a représenté un obstacle pour les transgenres et les personnes handicapées, de même que les personnes qui font face à l’itinérance et la pauvreté, affirment des experts.
La question des toilettes publiques a fait récemment surface au sujet de travailleurs essentiels comme les camionneurs, qui ne pouvaient plus se fier à certains cafés ou autres places d’affaires du genre lorsque ces commerces ont dû fermer leurs portes.
Durant les premières journées des mesures de confinement en Ontario, le maire de Toronto, John Tory, avait demandé aux commerces qui étaient fermés de permettre aux travailleurs essentiels d’utiliser leurs salles de toilettes.
Or, maintenant que certaines provinces ont commencé à rouvrir leurs économies – et que leurs résidants prennent l’air plus fréquemment – le besoin de toilettes va augmenter même si de nombreuses places commerciales demeureront inaccessibles, souligne Lezlie Lowe, auteure du livre No Place To Go: How Public Toilets Fail Our Private Needs.
Selon Mme Lowe, le Canada ne possède pas une tradition de facilités sanitaires publiques accessibles, en bordure des rues et défrayées par les gouvernements municipaux.
« Ce que nous avons au Canada, c’est Starbucks, Tim Hortons, McDonald’s et d’autres cafés et restaurants dans lesquels nous entrons, mentionne-t-elle. Nous les voyons comme des toilettes publiques, mais elles ne le sont pas. Ce sont des toilettes accessibles au public, en fait, des toilettes pour les clients.
« Les gens vont soudainement constater que pendant tout ce temps, ils se sont organisés avec ces toilettes publiques accessibles. Avec un peu de chance, ils vont réaliser à quel point la situation est mauvaise. »
La pénurie de toilettes publiques pourrait aussi nuire à l’économie en empêchant la population de passer plus de temps dehors et de dépenser plus d’argent, ajoute Mme Lowe.
Certaines villes canadiennes, dont Toronto et Ottawa, ont installé des toilettes portables et des stations de lavage des mains temporaires pour compenser la fermeture d’espaces commerciaux et municipaux.
« La ville continue d’explorer la possibilité d’ajouter d’autres toilettes portables et stations de lavage des mains temporaires à des endroits stratégiques », avait mentionné Joe Cressy, un membre du conseil municipal de la ville de Toronto, le mois dernier.
À Prince George, en Colombie-Britannique, les autorités municipales ont rouvert les toilettes publiques d’un marché du centre-ville pendant la durée de la pandémie. Celles-ci sont surveillées les matins et les soirs.
Aux yeux de certains militants, dont les appels à une augmentation du nombre de toilettes publiques datent de bien longtemps avant la pandémie, cette attention accrue se veut un premier pas encourageant.
« Peut-être que c’était ce dont on avait besoin pour donner plus d’attention à la santé publique, incluant les toilettes », ont écrit les porte-parole de GottaGo!, un groupe d’Ottawa qui milite en faveur d’un nombre accru de toilettes publiques, dans une lettre ouverte publiée dans un journal communautaire de la capitale.
« Une crise peut être une opportunité et le temps est maintenant venu pour nous tous de proposer l’instauration d’un réseau de toilettes publiques qui inclurait de l’eau courante et du savon pour le lavage des mains. »
SOURCE : Paola Loriggio, La Presse canadienne