Le 11 février dernier, Leyla McCalla, chanteuse et contrebassiste américaine d’origine haïtienne, s’est produite à l’Aeolian Hall. La première partie avait été confiée au duo local My Father’s Son. 

L’Aeolian Hall a été construit en 1883. Le mot « aeolian » vient du grec ancien et renvoie à la musique. À l’origine, l’Aeolian Hall était l’hôtel de ville de l’est de London et a ainsi été désigné comme site du patrimoine national. Cible privilégiée de réhabilitation dans l’« Old East Village », le bâtiment s’est transformé en centre musical dont la renommée a attiré plusieurs grands artistes canadiens. L’Aeolian Hall est plus particulièrement dédié à la présentation de spectacles et à l’enseignement de la musique. Il offre aux musiciens une salle sombre qu’illuminent de douces lumières. Six tables ornées d’une bougie contribuent à l’intimité du lieu.

Le duo My Father’s Son, composé du guitariste et chanteur Mark Kulmala et du violoniste Paul Meadows, a ouvert le concert. Kulmala a fait résonner la salle de sa voix puissante tandis que Meadows l’accompagnait avec assurance.

Les chansons de My Father’s Son couvrent des thèmes variés allant des joies de l’hiver jusqu’au suicide. En effet, le duo s’inspire en partie d’un ami de Kulmala qui s’est suicidé il y a quelques années. Le chanteur s’est rappelé avec chagrin comment celui-ci s’était enthousiasmé pour sa musique à une époque où il peinait à se faire connaître comme musicien. Sur une note plus légère, Kulmala s’est également remémoré les temps heureux à jouer dans la neige à Sault-Sainte-Marie.

Puis, ce fut au tour de Leyla McCalla de monter sur scène. Née à New York, la chanteuse a élu domicile à La Nouvelle-Orléans. D’origine haïtienne, elle s’inspire de la culture du pays de ses ancêtres pour composer sa musique. Bien qu’elle ne parle pas couramment le créole haïtien, un français influencé par diverses langues africaines, elle le comprend puisque ses parents le parlaient à la maison. Cela lui permet d’incorporer ce dialecte dans ses chansons.

Habillée de façon tradi-tionnelle, McCalla chante aussi bien qu’elle ne joue de la contrebasse. Avant chaque chanson, elle en raconte l’inspiration. Elle s’est par exemple inspirée des berceuses de sa mère ou des dégâts causés par l’ouragan Katrina. Son mari québécois, Daniel Tremblay, l’accompagne à la guitare et au triangle. Ils ont une fille, source d’inspiration pour McCalla.

Le public était surtout composé de personnes âgées, mais quelques jeunes en faisaient également partie. Parmi eux se trouvaient les élèves du projet « El Sistema », qui est associé à l’Aeolian Hall. « El Sistema » permet à des jeunes issus de milieux défavorisés d’avoir accès à des cours de musique. Ce projet existe depuis 40 ans et a une portée internationale. Ces spectacles motivent les jeunes à maîtriser leur instrument.

Pour Jessica Ng, étudiante de première année à Western, ce concert est le premier auquel elle assiste à l’Aeolian Hall. Quelqu’un l’y a invitée et elle ne regrette absolument pas d’être venue. Elle raconte : « J’ai grandement apprécié le talent de tous les musiciens. Je ne savais pas qu’il existait une telle communauté culturelle à London. J’ai aimé le fait qu’une petite histoire soit racontée avant chaque chanson. Je reviendrai sans doute! »

William Tran