Tenu au parc Victoria, le Sunfest de London portait on ne peut mieux son nom cette année, avec une programmation éclectique, rayonnante de bonne humeur et gratifiée d’une température radieuse. Le « Village québécois », c’est-à-dire la série de spectacles qui, le 6 juillet dernier, mettait en vedette des représentants de la scène musicale de la province voisine, a merveilleusement fait corps avec l’atmosphère de l’évènement. Trois représentations hautes en couleur ont amplement fait la démonstration de la diversité qui caractérise la musique québécoise contemporaine.

C’est en début d’après-midi, par un spectacle du groupe Les Poules à Colin, originaire de Lanaudière, que la scène du « Village québécois » s’est animée. Sarah Marchand, Marie Savoie-Levac, Béatrix Méthé, Éléonore Pitre et Colin Savoie-Levac, le seul homme de la formation, sont cinq jeunes musiciens qui, en phase avec les autres formations néo-traditionnelles, se sont donné un nom imagé qui ne manque pas d’humour. C’est d’abord avec des pièces aux accents plus modernes que folkloriques que Les Poules à Colin ont entamé leur prestation avant de glisser doucement vers un son plus près du répertoire canadien-français. Une maîtrise assurée de leur art permet à ces artistes de la relève de voguer avec aisance entre le monde de la tradition et l’époque contemporaine.

Le présentateur Gilles Garand, président du Conseil québécois du patrimoine vivant, a ensuite invité sur scène une chanteuse non moins colorée mais dont la musique est aux antipodes, dans tous les sens du terme, de celle qui venait d’être offerte aux spectateurs. Lorraine Klaasen, originaire d’Afrique du Sud et vivant aujourd’hui à Montréal, 

s’est acquise depuis plusieurs années une excellente réputation auprès des amateurs de musique du monde. Pour les néophytes, il est sans doute difficile de départager ce qui, dans sa musique, est typiquement sud-africain de ce qui emprunte au répertoire antillais ou autres. Mais qu’importe! La musique de Lorraine Klaasen invite à danser et c’est d’ailleurs sans se faire prier que de nombreux spectateurs ont pris avantage de l’espace laissé vacant entre la scène et le parterre de chaises. Des applaudissements non moins chaleureux que sa musique ont couronné le spectacle de Mme Klaasen.

C’est ensuite le groupe montréalais Sagapool qui s’est emparé de la scène pour une série de morceaux d’un genre difficile à décrire mais qui ne manquaient certes pas de dynamisme. Guillaume Bourque, Marton Madersparch, Alexis Dumais, Luzio Altobelli, Zoé Dumais et Dany Nicolas évoluent depuis une quinzaine d’années dans le répertoire klezmer et tsigane auquel ils donnent une touche québécoise. Leurs airs envoutants et exotiques, sans paroles, laissent l’auditeur libre d’interpréter la musique et d’imaginer à son gré l’univers culturel qui lui est associé. Encore une fois, ce fut l’occasion pour les spectateurs de se livrer à quelques pas de danse improvisés, joints en cela par l’adroite violoniste du groupe qui, malgré ses cabrioles, n’a pas laissé son instrument refroidir une seule minute.

 

Le soleil, bien qu’apprécié, tapait dur en cette belle journée et les spectateurs s’étaient pour la plupart massés à l’ombre d’un grand arbre à proximité de la scène du « Village québécois ». À la brunante, alors que l’air s’attiédissait et que l’astre du jour se faisait plus discret, les foules du Sunfest se sont rassemblées face au Kiwanis Memorial Bandshell, la grande scène du parc Victoria, pour goûter une dernière fois à l’univers musical de la francophonie avec une prestation du groupe Cheikh Sidi Bémol, dont le chanteur, Hocine Boukella, est d’origine algérienne. Après quatre jours de musique et de divertissement, l’édition 2014 du Sunfest tirait à sa fin, une édition qui marquait cette année le 20e anniversaire de l’évènement.

Photo : Les cinq membres de la formation Les Poules à Colin