Pierre Saint-Arnaud
Jamais un Canadien ne sera allé aussi loin que Jeremy Hansen lorsque celui-ci fera le tour de la Lune à bord de la capsule Orion avec ses trois collègues américains de la mission Artemis II.
L’Ontarien de 47 ans sera ainsi le premier Canadien de l’histoire à s’aventurer au-delà de l’orbite terrestre. La mission Artemis II doit faire le tour de la Lune et servir de vol préparatoire à la mission Artemis III qui, elle, fera escale sur notre satellite naturel.
Le nom de Jeremy Hansen a été annoncé, le lundi 3 avril, au Johnson Space Center, à Houston, au Texas.
« Depuis des décennies, des milliers et des milliers (de Canadiens) ont relevé le défi d’apporter une valeur tangible au partenariat international en ce qui a trait à l’exploration spatiale, d’apporter de vraies solutions aux problèmes », a-t-il déclaré devant plusieurs centaines de personnes réunies à Houston.
« Nous allons vers la Lune ensemble. Allons-y! », a-t-il lancé sous les applaudissements nourris de l’auditoire.
Fidèle à lui-même, le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, aussi présent à Houston, avait auparavant déclaré en anglais avec l’enthousiasme débordant qui le caractérise : « Nous retournons vers la Lune! Vers la Lune! Pensez-y un moment: la Lune! »
Au quartier général de l’Agence spatiale canadienne, à Longueuil, où quelque 200 personnes étaient réunies pour assister à la retransmission de l’annonce en direct, l’enthousiasme était aussi à son comble.
Marc Garneau, premier astronaute canadien, a raconté comment il avait vécu l’annonce de son propre vol, le 1er mai 1984 : « J’étais nerveux, je vous le dis franchement et quand j’ai su que ce serait moi qui ferais le premier vol, je dois vous dire que ça m’a coupé un peu le souffle. J’ai réalisé à ce point-là qu’un rêve allait se réaliser. »
De passage à Val-d’Or, le premier ministre Justin Trudeau a aussi salué cette nomination. « Je connais Jeremy depuis plusieurs années et c’est un homme formidable qui va marquer l’histoire. Pas seulement comme étant le premier canadien à se rendre jusqu’à la Lune, mais le premier non-Américain à le faire. »
Trudeau a rappelé qu’on ne voit que la courbe de la Terre de la station spatiale internationale et que seulement 24 personnes, tous des Américains, se sont rendues assez loin pour voir la planète entière de leurs propres yeux. Il en a profité pour souligner le travail de tous les employés membres de l’Agence spatiale canadienne.
Jeremy Hansen est un colonel et pilote de CF-18 dans l’Aviation royale canadienne. Détenteur d’une maîtrise en physique, il est astronaute à l’Agence spatiale canadienne depuis 2009.
La présidente de l’Agence, Lisa Campbell, a ainsi expliqué ce qui avait inspiré le choix de M. Hansen : « Artemis II, c’est vraiment pour tester tous les systèmes. Il y a eu le premier vol, qui était sans humain et maintenant c’est pour tester la navigation, l’interface des communications, un vol de 10 jours qu’il va vraiment tester. C’est en raison de son expérience. C’est quelqu’un qui a énormément de leadership, d’expérience et qui est prêt à voler. »
L’équipage est aussi formé des Américains Christina Hammock Koch, Victor Glover et G. Reid Wiseman.
Artemis II devrait être lancé dès novembre 2024 et sera la première mission avec équipage vers la Lune depuis le vol de la dernière mission Apollo en 1972.
L’équipage sera en orbite autour de la Terre, et se propulsera des centaines de milliers de kilomètres plus loin pour une manoeuvre en forme de 8 autour de la Lune, avant que son élan ne le ramène à la maison.
Le plan est de mettre un homme et une femme sur la Lune en 2025 en vue de l’objectif ultime: envoyer à terme des astronautes sur Mars.
À ceux qui se demandent à quoi servent de telles missions, Lisa Campbell a d’abord rappelé que le secteur spatial génère des revenus de 5 milliards $ annuellement et fourni du travail à 23 000 Canadiens. Marc Garneau, de son côté, a expliqué qu’à l’instar des missions Apollo il y a plus de 50 ans, « les missions Artemis vont stimuler l’innovation et le Canada va participer et cela va donner des retombées importantes ».
« L’autre aspect, c’est le fait que ça inspire une génération. Depuis les 40 ans de mon premier vol, j’ai répondu à des milliers de jeunes qui veulent eux-mêmes participer à ces carrières-là. »
Source : La Presse canadienne