La grande majorité des immigrants maintiennent des liens avec leur pays d’origine. La famille élargie compte pour beaucoup dans cet attachement à une ville ou une région située sur un autre continent. Cependant, pour certains, ce lien qui les unit à une contrée lointaine est autrement plus complexe.
Il n’aurait pas pu en être autrement pour Clarisse Mukashumbusho Cechetto et Aimée Joséphine Utuza, deux soeurs qui ont survécu au génocide au Rwanda dans lequel elles ont perdu leurs parents et quatre frères et soeurs. Aujourd’hui résidentes de London, elles consacrent une partie de leur temps libre à venir en aide à leurs compatriotes par l’entremise de Zirikana, un organisme chapeautant deux autres organisations, soit Living with Happiness-Icyemezo et Rwandan Mothers TEAM.
C’est, pour l’essentiel, Mme Utuza qui s’assure de la bonne marche des activités de cette initiative humanitaire dont l’histoire se confond avec la sienne.
En effet, le fait d’avoir perdu jeune ses parents l’a sensibilisée au problème de ces milliers de Rwandais qui ont grandi sans modèle parental, sans parler du peu de soutien économique qui a affecté une grande partie de la population. Heureusement, elle a pu poursuivre ses études et être affectée à des responsabilités aussi essentielles que formatrices, notamment auprès des mères et des enfants, que ce soit en travaillant dans un camp de réfugiés ou dans le domaine de la coopération internationale.
« Ces expériences m’ont montré combien ces familles souffrent et, en même temps, ça me rappelait mon parcours. Je me demandais comment aider la communauté », explique Aimée Joséphine Utuza.
C’est à cette époque que l’idée de créer un organisme humanitaire lui est venue à l’esprit. Il y a une dizaine d’années, avec l’aide de sa soeur, elle a donc mis sur pied les deux organisations qui sont aujourd’hui réunies sous le l’étiquette Zirikana. Leurs champs d’action sont multiples : services de soutien en santé mentale, lutte à la violence faite aux femmes, développement économique, étude sur la résilience des femmes, éducation à la petite enfance en milieu défavorisé, réseautage entre femmes, protection de l’enfance et des personnes vulnérables et promotion de l’harmonie familiale.
Les deux soeurs résident aujourd’hui à London, une ville où se trouve d’ailleurs une communauté rwandaise. Mme Utuza travaille depuis quelques années à élargir la base de collaborateurs et donateurs à ses activités caritatives. L’Université Western, où elle a obtenu une maîtrise en promotion de la santé, a été un terreau fertile pour développer des partenariats, mais elle s’est également tournée avec succès du côté du secteur privé, des commerces ayant accepté de donner une partie de leurs profits à Zirikana.
Aimée Joséphine Utuza estime que ses projets ont aidé, au fil du temps, au moins 500 personnes au Rwanda. Une des plus importantes initiatives a consisté en la formation de micro-entreprises au sein desquelles des femmes, réunies en fonction de leurs goûts et de leurs habiletés, ont pu subvenir à leurs besoins économiques et à celui de leurs proches par la vente de légumes, la confection de vêtements et de sacs en tissu, la vente d’oeufs, la fabrication de bijoux, etc. Zirikana a soutenu leurs activités de plusieurs façons, que ce soit la formation en gestion d’entreprise, l’obtention de kiosques dans les marchés publics, l’acquisition de machines à coudre ou autres.
Les Canadiens, que Mme Utuza décrit comme « très ouverts au soutien international », ont contribué à ces efforts de par leurs dons. Quelques milliers de dollars sont ainsi amassés chaque année.
Aimée Joséphine Utuza a encore bien des projets en tête. Elle a récemment créé un groupe de soutien au Rwanda pour les femmes séparées ou divorcées afin de les aider à retrouver confiance en elles. Elle espère aussi que le milieu humanitaire au Rwanda et les organismes et institutions de London puissent un jour partager leurs expériences, ce petit pays d’Afrique ayant acquis une expertise en matière de gestion de traumatisme tandis que cette ville du Sud-Ouest ontarien dispose de nombreux professionnels en tous genres, entre autres en ce qui touche à l’autisme.
Pour plus d’information sur Zirikana, sa mission et comment faire un don, il suffit de consulter le site web zirikana.org.
PHOTO – Aimée Joséphine Utuza