En juillet, Zandile Chiwanza a sabré une bouteille de champagne et a appelé ses amis pour célébrer une étape importante : elle venait de finir de rembourser environ 50 000 $ de dettes.
Mme Chiwanza, une journaliste spécialisée en finances personnelles et éducatrice en bien-être financier de Toronto qui est âgée de 30 ans, devait environ 7000 $ en prêts sur salaire, 5000 $ en dette de carte de crédit, 12 500 $ sur une marge de crédit, 5500 $ en prêts personnels auprès d’amis et de membres de sa famille et 20 000 $ en frais de scolarité que lui réclamait une agence de recouvrement.
La majeure partie de cette dette avait été accumulée pour payer un baccalauréat en journalisme de l’Université Carleton à Ottawa, qu’elle a obtenu en 2016. En tant qu’étudiante internationale, Mme Chiwanza n’était pas admissible au Programme de soutien aux étudiants de l’Ontario et a dû avoir recours à une dette à intérêt élevé pour payer ses frais de scolarité et le coût de la vie.
« Tout au long de mes études, j’ai toujours travaillé pour au moins deux employeurs afin de joindre les deux bouts, a déclaré Mme Chiwanza. Après avoir obtenu mon diplôme, afin d’accélérer le remboursement de ma dette, j’ai occupé un emploi à temps plein et deux emplois à temps partiel. L’année dernière, j’étais également pigiste pour gagner plus d’argent. C’était épuisant. »
Pour les milléniaux et les Canadiens de la génération Z ayant une dette à quatre ou cinq chiffres, la rembourser peut être incroyablement difficile en raison d’un manque de liquidités, a affirmé Jessica Moorhouse, la PDG de MoorMoney Media.
Pour les diplômés assez chanceux pour obtenir un emploi décent à la sortie de l’école, les paiements mensuels élevés et le coût de la vie actuel ne laissent pas beaucoup d’argent à consacrer à la retraite, un dépôt pour une maison, un voyage ou quoi que ce soit d’autre.
« Vous êtes vraiment limité dans ce cycle de paiement de vos factures et de vos dettes et vous ne pouvez pas vraiment observer un changement en termes de votre valeur nette, a expliqué Mme Moorhouse.
« Il peut être très facile de perdre de vue son objectif et sa source de motivation, c’est pourquoi beaucoup de gens commencent par une dette étudiante et contractent ensuite des dettes à la consommation, a-t-elle ajouté. C’est un peu comme faire un régime trop longtemps. Ce n’est pas durable, donc finalement, vous voulez en quelque sorte rompre ce régime et vous déchaîner. »
Les dépenses d’urgence et les achats essentiels tels que les meubles et les appareils électroniques peuvent également entraîner une dette de consommation supplémentaire, car de nombreuses personnes qui remboursent des dettes d’études n’ont pas d’argent de côté ou de fonds d’urgence. Mme Moorhouse met en garde les jeunes de toujours privilégier un fonds d’urgence, même s’il ne couvre que trois mois de dépenses.
Mme Chiwanza avait auparavant repoussé la création d’un fonds d’urgence, mais s’est rendu compte pendant la pandémie qu’elle devait réajuster son budget pour donner la priorité à l’épargne.
« J’ai essentiellement mis mon parcours d’endettement sur pause et je ne faisais que des paiements minimaux, a-t-elle déclaré. À l’époque, je [craignais d’étendre mon plan de remboursement des dettes], mais ça a fonctionné et j’ai maintenant un fonds d’urgence et je n’ai plus de dette et c’est bien plus que ce que j’avais initialement prévu de faire. »
La stratégie de Mme Chiwanza pour rembourser sa dette le plus rapidement possible consistait à la traiter comme une facture. « Ce n’était pas une réflexion après coup après mes charges fixes, et, à un moment donné, 40 % de mes revenus allaient aux dettes », a-t-elle lancé. Tout revenu supplémentaire qu’elle a gagné grâce à des primes, des remboursements d’impôt ou des cadeaux a servi au remboursement des dettes. « L’argent est le plus beau des cadeaux », a-t-elle ajouté.
Mme Chiwanza a également donné la priorité au remboursement de sa dette la plus éprouvante sur le plan émotionnel, à savoir ses frais de scolarité. Les appels mensuels de l’agence de recouvrement lui causaient de l’anxiété et l’Université Carleton refusait de lui délivrer son diplôme ou lui fournir ses relevés de notes tant que cette somme n’était pas remboursée. L’incapacité d’obtenir son diplôme l’a également empêchée de demander la résidence permanente à l’époque.
Après avoir payé ses frais de scolarité, elle a adopté la stratégie de l’avalanche de dettes. Avec cette méthode, vous ciblez d’abord la dette avec le taux d’intérêt le plus élevé, tout en payant des paiements minimums sur les autres dettes.
D’un point de vue financier, l’approche de l’avalanche de dettes est la plus logique, car vous remboursez d’abord vos dettes les plus onéreuses, a déclaré Mme Moorhouse, mais de nombreuses personnes choisissent l’approche de la boule de neige de la dette, car elle contribue à renforcer la motivation et l’élan.
L’une des tactiques de remboursement de la dette de Mme Chiwanza consistait à consolider sa dette et à réduire les taux d’intérêt de sa carte de crédit. Cependant, elle n’a pas pu réduire ses taux d’intérêt avant d’avoir obtenu la résidence permanente.
« Je dirais que si vous avez une dette dont le taux d’intérêt est élevé, contactez votre prêteur pour négocier le taux ou demander de l’aide. Vous devez connaître vos options. D’après mon expérience, un conseiller financier de la banque m’a aidée à obtenir un taux d’intérêt inférieur. Je ne l’aurais jamais su si je ne m’étais pas renseignée. »
Le conseil de Mme Chiwanza aux autres jeunes qui remboursent leurs dettes est de ne pas être trop durs avec eux-mêmes.
« Je pense qu’il y a eu des parties de mon parcours où je me punissais pour cette dette parce que je voyais beaucoup de honte être infligée aux personnes endettées au sein de la communauté des finances personnelles, a-t-elle constaté. Les gens disaient que si vous avez des dettes, vous ne pouvez pas manger au restaurant ou profiter de la vie.
« Faites preuve de compassion et élaborez votre propre plan en fonction de vos objectifs », a-t-elle suggéré.
SOURCE – Leah Golob, La Presse canadienne