Le 24 avril dernier, le Musée de London accueillait la tenue d’une foire sur la santé s’adressant à la communauté noire. L’activité a rassemblé pour l’essentiel des représentants d’organismes et fut une occasion de réseauter et d’échanger de l’information.
Plusieurs se demanderont sans doute pour quelles raisons une foire sur la santé devrait s’adresser à une communauté ethnoculturelle en particulier. N’avons-nous pas tous la même anatomie et ne sommes-nous pas tous sujets aux mêmes maladies? Or, les problèmes de santé varient grandement en fonction de la génétique, des conditions socioéconomiques et du parcours de vie, des variables qui caractérisent souvent une communauté dans son ensemble. Il n’y a qu’à considérer, par exemple, le taux de chômage plus élevé chez les immigrants et prendre en considération que la pauvreté est préjudiciable à une bonne santé pour conclure par des corrélations évidentes.
Ainsi, comparée à l’ensemble de la population, une plus grande proportion de Noirs ont des problèmes cardiaques, de diabète ou sont atteints du VIH. Ces disparités varient d’une société à une autre et relèvent de nombreux facteurs mais ne peuvent pas être ignorées sans conséquence. Les Noirs ne sont d’ailleurs pas les seuls à éprouver certains problèmes de santé plus fréquemment que les autres : les juifs ashkénazes sont plus souvent victimes que tout autre groupe d’un trouble génétique connu sous le nom de maladie de Tay-Sachs, les Latino-Américains sont plus sujets à l’intolérance au lactose que les Européens, la tuberculose est encore un problème récurrent dans plusieurs communautés autochtones alors qu’elle est presque disparue ailleurs en Amérique du Nord, etc.
Il va sans dire que certaines populations ethnoculturelles sont aussi plus fréquemment victimes de problèmes de santé mentale. Le nombre catastrophique de suicides au sein des Premières Nations en est un exemple frappant et illustre comment des facteurs historiques liés au racisme et au colonialisme peuvent jouer dans les différences d’une ethnie à l’autre.
C’est pourquoi, dans certains cas, une approche médicale basée sur l’appartenance ethnique peut s’avérer appropriée. C’est dans cette optique que plusieurs organismes et institutions de London se sont réunis pour se pencher sur le cas des minorités d’origines africaine et caribéenne.
Initiée par la Regional HIV/AIDS Connection, l’activité comptait sur la participation de la pharmacie Medicine Shoppe, de Queer Events, du Congrès national des femmes noires du Canada, du London InterCommunity Health Centre (LIHC), de la Bibliothèque publique de London, du Centre communautaire régional de London (CCRL) et des membres de la communauté musulmane dont notamment le Muslim Resource Centre for Social Support and Integration. Les sujets abordés touchaient à la prévention, à la nutrition, à la santé physique et mentale, etc.
Parmi les participants se trouvaient quelques professionnels francophones. Ainsi, Isabelle Nyiransengimana, facilitatrice des groupes d’aînés au LIHC, considère que cette foire aura un impact positif sur son travail : « Ça m’aide à connecter avec les autres travailleurs de la communauté, à échanger de l’information et à rencontrer ceux qui sont intéressés par les programmes présentés ici ». De son côté, Fanny Newport, agente de connexions communautaires au CCRL, considère que les organismes qui ne sont pas forcément liés à la santé ont eux aussi à gagner de ce type d’exercice : « Si, dans mon domaine, je rencontre quelqu’un qui a des problèmes, je peux le référer à l’un de ces programmes ».
En ce qui concerne la santé, on n’est jamais trop prudent. Au-delà des présentations et des discussions, cette foire aura permis aux intervenants de tous ordres d’être mieux outillés pour composer avec la réalité sur le terrain et d’être ainsi plus efficaces auprès de leurs concitoyens.
PHOTO : Les participants ont échangé sur les problématiques en cause.