La santé mentale : l’expression rebute, effraie un peu. Personne ne se formaliserait de parler de ses problèmes d’estomac, de cœur ou de reins, mais un tabou entoure encore tout ce qui touche aux défaillances de l’esprit. Pourtant, qui ne s’est jamais senti stressé, mélancolique ou dépassé par les évènements? Qui n’a jamais eu connaissance, dans son entourage, de gens aux prises avec de graves problèmes, de dépendance entre autres? Les troubles de santé mentale sont donc plus fréquents que ce qui est généralement cru.

Cependant, les ressources ne sont pas toujours là pour pallier les besoins ou, si elles existent, ne sont pas forcément connues. C’est pour cette raison qu’existe le Programme de navigation du système de santé mentale et de toxicomanie dont l’inauguration officielle a eu lieu le 1er décembre dernier au Centre Desloges de London en présence de nombreux représentants d’organismes. Particularité intéressante : ce programme n’est offert qu’en français.

Celui-ci est fait pour guider le patient dans son accès aux services appropriés à sa situation. Il s’adresse aux résidents de London et des comtés de Middlesex, Grey-Bruce, Huron-Perth, Oxford, Elgin et Norfolk. Le programme a vu le jour suite à une évaluation des ressources présentes dans la région : « En juillet 2011, le RLISS du Sud-Ouest a fait une consultation portant sur la santé mentale, explique Suzy Doucet-Simard, coordonnatrice des services en français. Il y avait des représentants des agences francophones de tous les milieux en rapport avec la santé mentale qui y ont participé. Le but de cette consultation était de comprendre la capacité de la communauté à servir les gens dans ce domaine. » De nombreux professionnels, tant francophones qu’anglophones, ont eu l’occasion d’exprimer leurs opinions et de partager leurs expériences. Leurs commentaires ont servi à la rédaction d’un rapport contenant notamment sept recommandations à l’intention de la communauté de langue française.

Un des points saillants de ce rapport, pour les francophones, était une constatation relative à la nécessité de ne pas abandonner le public dans les dédales du système. Il ne suffit pas, en effet, de créer des services ayant pour fonction de mettre les patients en contact avec des professionnels du monde de la santé : encore faut-il quelqu’un pour les aider à se repérer dans l’offre de services. Ainsi est né le Programme de navigation du système de santé mentale et de toxicomanie, financé par le RLISS du Sud-Ouest et opéré par les Services de toxicomanie de Thames Valley.

Comment cela fonctionne- t-il? Une personne aux prises avec un problème de ce type peut communiquer avec la navigatrice du système, Gisèle Hauser, au 519 673-3242, poste 271, ou par courriel à servicesenfrancais@adstv.ca. Le client devra ensuite, avec l’aide de Mme Hauser, remplir un formulaire destiné à évaluer ses besoins. Pour avoir accès aux services d’un professionnel, les clients âgés de 18 ans et plus doivent être référés par leur médecin de famille ou une infirmière praticienne. L’étape suivante consiste en la prise de contact entre l’usager du système et le professionnel francophone en santé mentale ou en traitement des dépendances dont la spécialité répond à ses besoins. L’usage du Réseau télémédecine Ontario, sorte de vidéoconférence confidentielle et sécurisée, permet de supprimer les distances si cela s’avère nécessaire. Cette technologie est accessible dans les hôpitaux, les centres de santé et autres institutions où la navigatrice peut se rendre avec l’usager. « Je peux accompagner le client depuis le premier jour, peu importe le service dont il a besoin », commente Mme Hauser qui procède ensuite à la planification du traitement et à la gestion de cas. Cet accompagnement avant, pendant et après le traitement est une caractéristique majeure des responsabilités de la navigatrice. Soulignons que le programme est un service gratuit.

En Ontario, et particulièrement dans le sud de la province, les francophones se plaignent souvent du peu de services qui leur sont adressés. En voilà au moins un qui, notamment par l’entremise de la technologie, ne les laisse pas à la traîne des anglophones. Pour quelque chose d’aussi important que l’accès à toute la gamme des services en santé mentale, il n’en fallait pas moins.

Photo : Les représentants d’organismes lors du lancement