Le samedi 3 octobre, le Carrefour communautaire francophone de London (CCFL) tenait son tournoi de soccer au Centrefield Sports Inc. L’activité rassemblait des équipes masculines constituées de joueurs adultes issus de l’immigration. Organisé dans le cadre du programme interculturel de l’organisme, l’événement s’est tenu après un délai de plusieurs mois. Initialement prévue pour le 21 mars, la rencontre sportive avait dû être différée en raison de la pandémie.
La COVID-19, comme chacun sait, rôde toujours dans les parages et le gouvernement impose un grand nombre de règles à la portée changeante et parfois difficile à suivre. Ainsi, en septembre, le nombre de personnes autorisées à participer à un rassemblement intérieur a été réduit mais cette nouvelle limite ne s’applique pas à certains contextes, de sorte que le tournoi y échappait. Même chose pour le port du masque : obligatoire à peu près partout, il n’est pas nécessaire pour les joueurs d’un sport d’équipe.
Malgré tout, le déroulement du tournoi a été balisé par certaines limitations : ce ne sont pas toutes les équipes qui pouvaient se trouver en même temps dans l’édifice et les spectateurs n’y étaient pas permis.
L’objectif principal qui justifiait le tenu de cet événement a néanmoins été atteint en dépit de la réglementation tatillonne. « C’est pour aider les nouveaux arrivants à pratiquer un sport qu’ils aiment et contrer la solitude », explique Fanny Newport, organisatrice principale et responsable du programme Connexions communautaires et Carrefour ethnoculturel au CCFL.
Il ne s’agissait pas de la première compétition sportive de ce genre mise sur pied par l’organisme qui, à l’origine, a rassemblé ces amateurs de soccer pour donner un cadre plus structuré à leur intérêt pour le sport. Le CCFL avait aussi, en cette occasion, payé la location du terrain et offert une collation aux participants.
« Les équipes existent depuis au moins trois ans et, chaque année, ils organisent un tournoi », ajoute Mme Newport. Les participants se sont entraînés chaque semaine pour ce moment tant attendu. Sans que leur composition soit découpée au couteau, chacune des équipes rassemble des joueurs au profil socioculturel similaire : « Souvent, ce sont des gens qui viennent de la même région du monde ou parlent la même langue », précise Fanny Newport.
Celle-ci avait reçu un coup de main, dans la coordination de cet après-midi sportif, d’Annonciate Niyondiko, agente à l’organisation d’événements ethnoculturels au CCFL, et Soufiane Illiassou, capitaine de l’équipe comprenant la plus grande proportion de francophones.
« C’est une grande passion pour moi. J’ai toujours joué au soccer et c’est le meilleur moyen de faire du sport », explique M. Illiassou. D’ailleurs, il est celui qui compte la plus longue expérience en ce qui touche au programme de soccer du CCFL.
Témoin de premier plan de la croissance du nombre de participants, Soufiane Illiassou souhaite que cette tendance se poursuive par la formation de plus d’équipes composées d’enfants ou d’adolescents.
« Je m’attache surtout à la culture francophone parce que c’est ce qui nous permet de partager », commente M. Illiassou. Pour certains joueurs, ces joutes sportives représentent, dans leur vie quotidienne, la seule occasion de parler français. »
Chaque équipe compte non seulement un capitaine, mais aussi un entraîneur, tel Jean Habimana, qui lui fait partie des nouvelles recrues. « Je suis arrivé au Canada début mars », relate cet ingénieur en génie civil dont le premier contact francophone de ce côté-ci de l’Atlantique a été le Collège Boréal.
« J’étais footballeur amateur, poursuit M. Habimana. J’aime entraîner les gens. Je suis aussi un fan de l’Arsenal », confie-t-il. L’Arsenal est une des meilleures équipes britanniques.
Comme bien d’autres, par l’entremise de cette initiative du CCFL, Jean Habimana a eu l’occasion de nouer quelques contacts à London. Bien que certains y prolongent leur engagement, le programme accueille majoritairement de nouveaux participants, année après année, et permet ainsi de favoriser l’intégration d’un nombre toujours plus grand d’immigrants.
À voir l’intérêt généré par ces matchs de soccer, le moins que l’on puisse dire est que le CCFL a frappé dans le mille avec ce programme.
PHOTO – Deux équipes s’affrontent avec enthousiame et énergie.