Une lectrice de L’Action, Claudette Léger, a depuis ce printemps familiarisé le public francophone avec la South Huron Community Choirs, une chorale amateure aux accents professionnels et dont le répertoire fait parfois des incursions du côté de la langue française. Celui qui dirige cette chorale, Richard Heinzle, a lui aussi le français en partage et se fait un devoir d’en faire connaître les attraits.

Né en Autriche, M. Heinzle est arrivé au Canada à l’âge de 19 ans et a entrepris des études à l’Université d’Ottawa. Il a complété sa formation aux États-Unis où il a obtenu un doctorat en musique à titre de chef d’orchestre. « Quand j’ai fait mes études, j’ai fait d’autres jobs mais, après un temps, je me disais qu’il fallait que je continue en musique », raconte celui qui depuis ne s’est jamais écarté de sa passion première. « C’est comme des fleurs pour les oreilles », image M. Heinzle en parlant de ces mélodies qui prennent vie lorsque les ensembles qu’il dirige se mettent à jouer et à chanter.

L’une de ces formations est la South Huron Community Choirs, avec laquelle Richard Heinzle travaille depuis quatre ans. Il dirige la pratique hebdomadaire des 35 personnes qui la composent en plus des spectacles. Le nom de Choirs est au pluriel car deux groupes, dont la membriété se recoupe largement, composent cet ensemble : l’un se spécialise dans le chant et l’autre dans la musique instrumentale jouée avec des cloches. Le prochain grand spectacle au programme est fixé pour le 12 novembre.

Un autre projet d’envergure a occupé les membres de la chorale au cours des derniers mois : les célébrations des 150 ans de la Confédération. « J’ai expliqué à la chorale que c’est important pour nous de chanter en français des fois », mentionne Richard Heinzle. Quelques titres francophones se sont donc ajoutés à la liste des oeuvres interprétées devant public. Tant pour les choristes que pour l’assistance, cette innovation fut très positive et bien reçue.

Ce n’est d’ailleurs qu’un début. Des chansons italiennes, allemandes et latines figurent déjà au catalogue de la formation et M. Heinzle souhaite poursuivre dans cette voie : « On veut chanter dans plusieurs langues parce que chaque langue a un répertoire différent. C’est une très bonne expérience. »

Mieux encore, il s’agit d’une démarche philosophique et sociale. « C’est une bonne opportunité de se comprendre les uns les autres », explique Richard Heinzle, qui fait remarquer que s’initier à une culture par la musique est un vecteur de paix et une reconnaissance de la valeur de l’autre. Les chansons françaises, au Canada anglais, jouent le même rôle : « Ça signifie à tous les francophones qu’on les apprécie. C’est très important pour moi. »

La musique est souvent décrite comme un langage universel. Comprendre les paroles peut même être superflu pour autant qu’il y ait communion d’esprit entre l’auditeur et l’interprète. Mais pourquoi théoriser à ce point quand les notes qui s’alignent sur les partitions constituent une véritable poésie et s’adresse ainsi davantage au cœur qu’à l’esprit? « Si on a la musique, la vie est beaucoup plus intéressante », résume simplement Richard Heinzle.

Première photo: Les choristes et leur directeur en répétition

Deuxième photo: Richard Heinzle