Renée Singirankabo et Lin Ndayifukamiye ont ceci en commun d’être à la retraite et d’être mariés ensemble, une combinaison fort pratique pour se consacrer à un projet commun. Dans leur cas, il s’agit d’aider des jeunes du Burundi, leur pays natal, à se faire instruire. Aller à l’école est un moyen indispensable de se sortir de la pauvreté et, au plan collectif, une étape indispensable pour qu’un pays en développement prenne le chemin de la paix et de la prospérité.

C’est pourquoi ce couple de London, en compagnie de plusieurs autres bénévoles, s’investit depuis quelques années auprès du Burundi Education Fund en organisant des activités-bénéfice. Celle du 8 juin a rassemblé environ 80 participants et consistait en un souper avec au menu du bœuf et du poulet accompagnés de légumes. La générosité des convives ne s’est pas arrêtée au prix d’entrée puisqu’ils ont acheté des billets pour un tirage 50-50 et plusieurs ont fait d’autres dons en argent. La soirée était agrémentée de musique grâce au disc-jockey Félix Ndakoze.

Dans une veine plus sérieuse, les organisateurs ont tenu à donner un portrait des plus vivants de ce à quoi peut servir une collecte de fonds de cette sorte. C’est pourquoi divers intervenants ont pris la parole pour offrir leur témoignage quant aux questions touchant l’éducation dans les pays pauvres et le vécu des réfugiés. Ce dernier point est important car, depuis 2015, la situation politique au Burundi s’est considérablement détériorée et l’aide apportée en matière éducative est dirigée vers les réfugiés vivant dans le pays voisin, le Rwanda.

Lin Ndayifukamiye peut parler en connaissance de cause de ce qui se passe dans ce pays puisqu’il a fait, en compagnie de son épouse, un voyage de trois semaines en novembre-décembre 2017 pour y rencontrer les ressortissants burundais. « On voulait voir par nous-mêmes la situation telle qu’elle était. La plupart du temps, on était émotionnellement touchés », raconte l’enseignant à la retraite.

Le Rwanda réserve un bon accueil à ces Burundais mais les ressources manquent pour les aider. En effet, bon nombre résident dans la capitale, Kigali, et malgré la précarité de leur condition, ne sont pas soutenus par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. La conjoncture économique avec laquelle ils doivent composer a un impact sur les enfants, même ceux qui vont à l’école : « Quand on n’a pas bien mangé, on ne peut pas être performant », rappelle M. Ndayifukamiye. À long terme, l’objectif est de faire en sorte que ces réfugiés deviennent plus autonomes plutôt que de dépendre de l’extérieur.

Cinq témoignages ont été offerts à l’assistance. Brett Fliesser a parlé de son expérience auprès des jeunes réfugiés à titre de coach et d’enseignant en soulignant que l’école avait pour responsabilité de rendre leurs défis plus faciles. Michael Loebach, un avocat en immigration, a parlé des démarches nécessaires pour venir au Canada et de la réalité vécue dans certains pays où l’accès à l’éducation est restreint. Arielle Kayabaga a résumé sa propre expérience de réfugiée et évoqué la résilience qui lui a permis de poursuivre ses ambitions académiques et professionnelles au Canada. Henri Boyi, professeur à l’Université Western, a encouragé l’assistance à se questionner sur l’identité des réfugiés, plus complexe qu’on ne le croit. En terminant, Lin Ndayifukamiye a résumé en quelques mots sa visite au Rwanda.

Des exemples d’altruisme comme celui démontré par Renée Singirankabo et Lin Ndayifukamiye ne pourraient porter leurs fruits sans le soutien de nombreux collaborateurs et d’une myriade de donateurs. En cela, il n’est pas exagéré de dire qu’un pont s’est bâti entre London et, à des milliers de kilomètres de là, de jeunes Burundais dans le besoin.

 

PHOTO: Environ 80 personnes sont venues au souper-bénéfice.