Sur fond de pandémie, les chercheurs et les syndicats lancent une enquête nationale visant à déterminer la gravité de la violence et du harcèlement dans les milieux de travail du Canada et les mesures à prendre pour y répondre.

« La pandémie de la COVID-19 a rendu d’autant plus pressant de s’attaquer au problème du harcèlement et de la violence au travail, déclare Hassan Yussuff, président du Congrès du travail du Canada (CTC). Les victimes de harcèlement et de violence au travail peuvent se sentir plus isolées et craindre davantage les répercussions de la dénonciation, compte tenu de l’état du marché du travail. De plus, l’augmentation du nombre des personnes travaillant à la maison est telle que les personnes qui vivent avec leur agresseur ne peuvent pas échapper à la violence. »

Le CTC s’associe au Centre de recherche et d’éducation sur la violence faite aux femmes et aux enfants de l’université Western et à un chercheur de l’Université de Toronto pour recueillir et analyser de l’information sur le harcèlement et la violence sexuels en milieu de travail.

La nouvelle enquête est destinée à cerner les problèmes auxquels les travailleuses et les travailleurs doivent faire face et à examiner des solutions possibles.

« Le gouvernement fédéral a reconnu que le harcèlement et la violence présentent de graves risques pour la santé et la sécurité au travail. Les résultats de l’enquête nous permettront de discuter avec les décideurs politiques et les employeurs des mesures qui sont efficaces et de celles qui doivent être modifiées », dit Marie Clarke Walker, secrétaire-trésorière du CTC.

Plus de la moitié des Canadiennes sondées par l’Angus Reid Institute en 2018 ont répondu qu’elles avaient déjà fait l’objet de harcèlement sexuel et 89 % ont indiqué qu’elles avaient pris des mesures pour repousser des avances sexuelles importunes au travail.

La nouvelle enquête nationale portera sur ce que vivent les travailleurs syndiqués et non syndiqués afin de tenter de découvrir les raisons pour lesquelles le harcèlement et la violence sont signalés ou non et s’il y a une différence entre ce que vivent les personnes qui les signalent et les autres.

Tous les travailleurs sont encouragés à remplir le questionnaire, qu’ils aient ou non fait l’objet ou été témoins de violence ou de harcèlement au travail. Les données seront recueillies afin d’aider les employeurs à mieux protéger les travailleurs.

La recherche permettra de déterminer les genres de réponses que reçoivent les personnes qui signalent des actes de harcèlement ou de violence au travail, tout rapport qui existe entre le harcèlement sexuel et d’autres formes de violence et les effets que ceux-ci peuvent avoir sur les personnes marginalisées.

« L’enquête nous aidera à comprendre le harcèlement et la violence que vivent les travailleurs au Canada, ajoute M. Yussuff. Tant que n’aurons pas compris cela, nous ne serons guère en mesure de prévenir le harcèlement. Tous les travailleurs méritent de se sentir en sécurité dans leur lieu de travail. »

L’enquête se déroulera jusqu’en avril 2021. Elle fera fond sur les recherches antérieures au sujet du harcèlement et de la violence au travail, y compris l’intimidation et la violence physique. La participation sera anonyme et l’enquête portera sur le plein éventail des secteurs et lieux de travail plutôt que sur des unités de négociation ou des lieux de travail précis.

L’enquête est financée par le Fonds pour la prévention du harcèlement et de la violence en milieu de travail qui a été établi par le gouvernement du Canada.