Réunis pour une journée d’échanges, des aînés francophones du Sud-Ouest ont exploré les défis qui influencent leur bien-être et l’avenir de leurs regroupements locaux. Témoignages, préoccupations et pistes d’action ont rythmé une rencontre où la solidarité communautaire s’est affirmée comme une priorité essentielle.

Christiane Beaupré – IJL Le Régional

La Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO) tenait samedi dernier, le 22 novembre, son Forum de discussion pour la région du Sud-Ouest ontarien au Carrefour communautaire régional de London (CCFL). Quelque 180 participantes et participants se sont déplacés pour entendre les intervenants invités et réfléchir ensemble au thème « Vieillir activement en français ».

L’événement, préparé par une équipe réunissant Paulette Desjardins (CCFL), Jean Gacinya (FARFO Sud-Ouest et Centre), Tanya Tamilio (Sarnia-Lambton), Angèle Lacroix (Cambridge), Muriel Thibault-Gauthier (Welland) et Michel Tremblay (ancien DG de la FARFO), a débuté par des mots de bienvenue des organisatrices. Celles-ci ont ensuite cédé la parole au président de la FARFO, Jean-Rock Boutin, qui a salué le travail des bénévoles et l’engagement des aînés présents. Le commissaire aux services en français de l’Ontario, Carl Bouchard, a pour sa part rappelé l’importance de revendiquer des services dans la langue de Molière.

Un panel composé d’Emma de Lannoy (Cambridge), Paul Levac (planification des services de santé en français), Kim Morris (FARFO) et France Vaillancourt (Centre de santé communautaire Hamilton/Niagara – CSCHN) a ensuite abordé les besoins prioritaires des personnes âgées et les initiatives mises en place pour améliorer leur qualité de vie.

Kim Morris a profité de la tribune pour annoncer un nouveau projet d’employabilité destiné aux aînés souhaitant retourner sur le marché du travail à temps partiel. « Certains s’ennuient ou se sentent isolés. Ce projet veut leur offrir formation, soutien et accompagnement pour définir la prochaine étape de leur parcours », a-t-elle expliqué. Elle a aussi insisté sur l’importance d’intégrer une vision d’identité, d’équité et d’inclusion, rappelant que de nombreux aînés francophones — Autochtones ou nouveaux arrivants — demeurent mal desservis ou peu accueillis dans les clubs existants.

La période de questions a été marquée par le témoignage d’une intervenante de London préoccupée par la nature temporaire de plusieurs programmes, notamment Vieillir chez soi, dont le financement initial a pris fin après deux ans. Le CCFL a toutefois décidé de maintenir ce service essentiel grâce à ses bénévoles. « Ce qui coûte, c’est la préparation et la livraison des repas. Mais nos visites permettent aussi de repérer d’autres besoins. Le contact est vital », a insisté Paulette Desjardins.

Elle a également dénoncé le refus d’un bailleur de fonds pour une simple technicalité, un enjeu qui touche plusieurs clubs de l’âge d’or de la province. Cette réalité a ravi un écho particulier chez Muriel Thibault-Gauthier, présidente du Club Renaissance Sacré-Cœur. Elle a exprimé son inquiétude quant à la pérennité des petits clubs locaux dont le Club Renaissance Sacré-Cœur (Welland), le Club Sourire (Niagara Falls), le Club Les Bons Vivants (St. Catharines), et le Club de l’âge d’or de Hamilton.

« C’est beau les Centres de vie active mais il ne faut pas oublier nos petits clubs », souligne celle qui était venue au forum avec 112 aînés de la région du Niagara. Grâce au soutien de commanditaires dont les Clubs Richelieu du Niagara et le CSCHN, elle avait loué deux autobus pour amener « ses rayons de soleil » à London. « Nous avons besoin de soutien pour survivre », ajoute-t-elle. Sa déclaration a été accueillie par une salve d’applaudissements.

La directrice générale du CSCHN, France Vaillancourt, a aussitôt affirmé sa volonté de collaborer pour bâtir un plan d’action intégrant ces clubs. « Nous allons travailler ensemble, et nous assurer d’avoir un plan d’action qui inclut les clubs d’aînés », affirme-t-elle, reconnaissant ainsi le rôle important de ces petits clubs. Kim Morris a ajouté que d’autres régions, dont Markstay, vivent la même situation.

La rencontre incluait aussi un dîner festif de 90 minutes, offert par la FARFO, qui a permis à plusieurs participants de découvrir le marché de Noël installé dans une salle adjacente du CCFL. « Tout le monde riait. Le repas était très bon », a commenté Muriel Thibault-Gauthier, satisfaite de l’ambiance conviviale.

En conclusion, les aînés du Sud-Ouest ont demandé à la FARFO de poursuivre un dialogue constant avec les décideurs publics afin d’obtenir un financement stable pour les programmes destinés aux personnes âgées et pour assurer la survie des clubs de l’âge d’or. Devant l’enthousiasme suscité par cette rencontre, la FARFO envisage déjà la tenue d’un second forum en 2026 dans la région.

Photo : De gauche à droite : Michel Tremblay, Kim Morris, Emma de Lannoy, Paul Levac et France Vaillancourt