Les membres du club de lecture du Carrefour des aînés et des retraités du Centre communautaire régional de London (CCRL) recevaient, le 21 septembre dernier, Richard Mayer, un passionné de la langue française et de la littérature franco-ontarienne. Ce résident de l’Est ontarien a récemment fait un important don de livres à la Biblio-franco et son passage à London avait pour but de partager sa passion pour les auteurs d’ici.
Car ce n’est pas qu’une mince affaire que de promouvoir les œuvres des auteurs francophones de l’Ontario. La littérature contemporaine de cette communauté est née à l’époque où l’Ontario français était en pleine ébullition et où tout restait à faire, surtout en termes d’édition et de diffusion. M. Mayer en sait quelque chose, lui qui a fait du français une carrière, l’enseignant pendant des années aux élèves du secondaire. Très impliqué comme bénévole et dans le secteur communautaire, entre autres à la FARFO, il a eu maintes occasions de contribuer au développement de la société civile francophone.
C’est dans les années 1970 que Richard Mayer a commencé à s’investir à fond dans la promotion des romans, recueils de poésie et pièces de théâtre franco-ontariennes. « J’ai commencé à chercher des choses qui pouvaient intéresser mes étudiants », raconte-t-il. Dans le même temps, le milieu littéraire s’enrichissait de la contribution d’artistes audacieux et novateurs qui créeront entre autres les éditions Prise de parole en 1973. Cette soif d’une littérature enracinée dans l’Ontario français s’est communiquée aux plus jeunes avec qui M. Mayer partageait non seulement les origines mais les aspirations.
Une meilleure diffusion des lettres franco-ontariennes est allée de pair avec la reconnaissance publique de ses mérites et Richard Mayer s’est attardé pendant un moment à évoquer les différents prix et hommages attribués à ses auteurs. Mais changer les mentalités quant à la pertinence et la valeur de la littérature d’ici a été un long cheminement. « En enseignement, faire entrer les romans franco-ontariens, ce n’était pas évident et je crois que ça ne l’est toujours pas aujourd’hui », commente M. Mayer.
En prêtant ses livres aux uns et aux autres de ses élèves, en soutenant l’industrie littéraire locale par l’achat régulier de ses plus récentes créations et en sensibilisant son entourage professionnel à l’originalité des oeuvres d’ici, Richard Mayer a milité avec discrétion pour assurer la vitalité de cette culture qui lui est chère. Mais l’activiste est d’abord et avant tout un grand lecteur et c’est aussi pour partager ses goûts et ses trouvailles qu’il a rencontré les aînés du CCRL.
Le dramaturge Michel Ouellette occupe une place de choix dans son panthéon d’auteurs préférés, d’autant plus qu’un lien particulier unit les deux hommes. En effet, M. Mayer a travaillé pendant quelques temps aux archives de l’Université d’Ottawa où il a eu à dater et classer les documents personnels de Ouellette, telles les ébauches de ses pièces de théâtre. « J’avais la naissance de toutes ses œuvres entre les mains », s’est émerveillé M. Mayer qui a pu constater l’évolution du style et des personnages au fil des ans et d’un texte à l’autre.
Parmi les autres auteurs franco-ontariens évoqués au cours de la présentation figurent le poète Éric Charlebois. Les thèmes de la paternité et de la filiation sont très présents dans ses œuvres, ce qui est rare selon M. Mayer. Un autre de ses coups de cœur récent revient à Corps à corps : une blind date poétique d’Antoine Côté Legault, une oeuvre intrigante à l’origine conçue pour la scène.
Quoi de mieux que de se faire parler d’un sujet par un passionné? C’est ce à quoi le club de lecture conviait ses membres avec cette visite de Richard Mayer. « C’est une littérature qui parle de nous, qui est écrite par nous et qui est écrite pour nous », a résumé l’enseignant à la retraite en convertissant une nouvelle cohorte de lecteurs aux lettres franco-ontariennes.
PHOTO : Des membres du club de lecture se sont réunies pour en apprendre davantage sur la littérature franco-ontarienne avec Richard Mayer.