Les régions rurales du Sud-Ouest ontarien sont peut-être peu peuplées en comparaison des grandes agglomérations, mais elles hébergent des sources d’énergie qui desservent une proportion non négligeable de la population de la province. Qui plus est, deux secteurs énergétiques controversés y occupent une place importante : le nucléaire, dont la centrale de Kincardine, dans le comté de Bruce, est la plus grande du monde, et l’éolien, dont les turbines se sont multipliées dans le paysage au cours de la dernière décennie. Or, placée devant le parti pris avoué du gouvernement provincial pour l’éolien et consciente d’éprouver un certain problème d’image, l’industrie nucléaire s’est lancée dernièrement dans une offensive de communication destinée à mettre en valeur son utilité.
C’est en s’attaquant directement à ce qui constitue l’argument promotionnel majeur de l’éolien que le secteur nucléaire entend remettre en question la faveur dont il dispose. Un rapport produit par la firme de consultants Hatch Ltd. à la demande de l’association représentant les divers producteurs d’énergie nucléaire au Canada démontrerait en effet que l’éolien n’est pas aussi écologique que ce qui est véhiculé.
Se basant sur 246 études, Hatch Ltd. conclut que, à long terme, l’énergie éolienne perd beaucoup de sa valeur environnementale. En effet, ce n’est que de temps à autre et de manière imprévisible que le vent souffle suffisamment pour faire tourner les turbines. Celles-ci ne fonctionnent qu’à 20 % de leur potentiel. L’énergie éolienne doit donc souvent être relayée par d’autres sources d’énergie qui, dans bien des cas, s’avèrent plus polluantes que le nucléaire.
Évidemment, les entreprises propriétaires d’éoliennes ont réagi à ce point de vue en soulignant que le rapport ne prenait en compte qu’un seul scénario, le pire, celui où ce sont des centrales au gaz qui prennent la relève des éoliennes. Il en serait autrement lorsque cette source d’énergie est couplée avec l’hydroélectricité par exemple. Elles ont également rappelé, chose que Hatch Ltd. ne dément pas, que le vent demeure l’énergie la plus « verte » lorsque comparée aux autres sur une base équivalente. L’énergie éolienne serait également moins dispendieuse que l’énergie nucléaire.
En 2013, le nucléaire suppléait à 59,2 % de la consommation énergétique en Ontario. Pour l’éolien, cette proportion était de 3,4 %. La part des autres sources d’énergie sur le marché se décline comme suit : l’hydroélectricité à 23,4 %, le gaz à 11,1 %, le charbon à 2,1 % et les autres à 0,8 %. Quoi qu’il en soit, le débat fait toujours rage quant au rapport qualité-prix de l’éolien. Pour les uns, énergie de l’avenir dans lequel l’Ontario pourrait développer un avantage compétitif, pour les autres, technologie sur laquelle on ne peut compter et qui ne doit son développement qu’aux faveurs du Parti libéral, les grandes hélices qui peuplent désormais les campagnes n’ont pas fini d’alimenter les conversations.
Photo : Des éoliennes à quelques kilomètres de London