Six représentations en deux jours : c’est le marathon théâtral auquel se sont soumis des francophones rassemblés à London, à l’École secondaire Gabriel-Dumont, dans le cadre du spectacle L’écho d’un peuple. Les 16 et 17 novembre, devant des centaines de spectateurs, des comédiens venus de nombreuses écoles et issus de la communauté ont donné vie à cette reconstitution historique qui, fidèle à son concept, s’est donnée une couleur locale. Ayant ainsi pour sous-titre Des Rapides à la Tranche, le spectacle retraçait l’histoire des Franco-Ontariens tout en mettant l’accent sur la région de London et de Sarnia.

Cinq représentations étaient destinées au public scolaire et 14 écoles ont profité de cette occasion d’apprendre tout en s’amusant. Une autre représentation, donnée le 16 novembre en soirée, était à l’intention de la communauté dans son ensemble. Celle-ci avait d’ailleurs été conviée à participer activement à l’organisation de ce spectacle qui nécessite 200 comédiens de tous âges et de nombreux bénévoles.
Plusieurs d’entre eux provenaient de London, notamment des écoles secondaires Gabriel-Dumont et Monseigneur-Bruyère en ce qui touche les élèves et le personnel scolaire. Mais d’autres écoles avaient aussi fourni leur lot de comédiens : Notre-Dame, de Woodstock, Saint-Dominique-Savio, d’Owen Sound, Saint-Francis, de Tilbury et De La Salle, d’Ottawa.

Ceux qui résident loin de London sont arrivés à Gabriel-Dumont dès lundi et y ont été hébergés pendant toute la durée de l’aventure. Nul besoin de dire qu’une impressionnante logistique a dû se mettre en place pour les accommoder et assurer le bon déroulement de chaque spectacle. Tout le monde s’est attelé à la tâche : les élèves du cours de nutrition ont aidé à la préparation des repas, le Centre communautaire régional de London a contribué à la promotion, des membres du Cercle des copains ont donné un coup de main ça et là, etc.

C’était beaucoup de travail, avant et après les représentations, mais l’expérience en valait la peine : « Ce qui est spécial, c’est la rencontre de ces jeunes d’Owen Sound à Tilbury et jusqu’à Woodstock, plus une cinquantaine de l’est de l’Ontario, relate Félix St-Denis, créateur et directeur artistique de la pièce. Ils sont en train de découvrir une fierté régionale et de tisser des liens d’amitié. »
L’écho d’un peuple met souvent l’accent sur les interactions entre les pionniers français et les peuples autochtones. C’est pourquoi une visite à Ska-Nah-Doht, une reconstitution de village iroquois située dans la région de London, fut organisée au cours de la semaine pour les 200 participants. Ce fut une façon de découvrir une autre facette du Sud-Ouest ontarien.

De manière générale, les occasions ne manquaient d’ailleurs pas pour en apprendre davantage sur l’histoire locale, tant pour ceux impliqués dans la production de la pièce que pour les spectateurs. La trame de fond de L’Écho d’un peuple demeure la même peu importe la région visitée mais certains détails sont changés en fonction de celle-ci. Entre autres exemples, il fut subtilement souligné que le Centre culturel Jolliet, à Sarnia, porte le nom d’un explorateur français, et les élèves de Monseigneur-Bruyère se sont fait rappeler que ce prélat fut recteur de la cathédrale St. Peter. Le titre Des Rapides à la Tranche délimitait sans ambiguïté le territoire visé, les « Rapides » étant, à l’époque de la Nouvelle-France, la rivière St. Clair et la « Tranche », la rivière Thames.

Le spectacle était très dynamique, alternant entre les dialogues et les chansons. Des images et des vidéos étaient projetées sur une toile à l’arrière de la scène pour rehausser l’action ou en illustrer certains aspects. Parfois, les comédiens utilisaient les allées pour y jouer leur partie du script et les spectateurs étaient à l’occasion invités à battre des mains pour certaines chansons. Des élèves des deux conseils scolaires francophones étaient à la technique et, à ce chapitre, il est à souligner que le spectacle comportait quelques effets spéciaux qui en ont surpris plus d’un.

Ceux qui ont pu jeter un coup d’œil en coulisse ont vu tout l’effort consenti à offrir une prestation inoubliable. La vaste majorité des comédiens n’avaient aucune expérience en théâtre, mais qu’importe : par sa qualité, ce type de création artistique donne toutes ses lettres de noblesse au mot « amateur ». Et désormais, ceux qui y ont assisté savent qu’hier, aujourd’hui et demain, dans le Sud-Ouest ontarien, on vit et prospère en français!