Depuis l’automne dernier, le Réseau-femmes tient mensuellement à London un déjeuner thématique où les participantes ont l’occasion d’échanger sur la culture d’un pays et de sa réalité quant à l’égalité des sexes. Le samedi 22 février, un pays africain s’imposait pour le Mois de l’histoire des Noirs et c’est ainsi que l’assistance a découvert les us et coutumes du Bénin.

C’est d’abord par le biais d’une analyse de la mode béninoise que l’assistance a mieux compris cette nation. Il faut dire que l’organisme avait fait appel à une spécialiste en la matière : Sena Ahohe a pour les traditions vestimentaires de ce pays une passion qui l’a poussée à créer sa propre compagnie, Kéjéo, qui fait le commerce d’articles (colliers, sacs, décorations, chemises, robes, etc.) inspirés des motifs et dessins que l’on trouve communément sur les vêtements portés en Afrique de l’Ouest.

« Selon le pagne, vous pouvez identifier le pays de sa provenance, explique Mme Ahohe. Par exemple, vous avez le kente qui vient du Ghana et le pagne baoule qui vient de la Côte-d’Ivoire. » Le textile utilisé n’est pas moins important que les couleurs et les motifs et la présentatrice s’est longuement attardée sur le wax, un tissu industriel fabriqué à base de coton et qui est très courant dans cette partie du monde. Il est aujourd’hui porté par toutes les classes sociales et les femmes l’utilisaient traditionnellement comme méthode de communication et d’expression, chaque type d’imprimé ayant une signification.

Un autre exemple qui a alimenté sa causerie est le bogolan. Les vêtements fait de bogolan sont tissés et se caractérisent par des motifs de formes géométriques et des couleurs neutres. Ils sont fabriqués et portés depuis des générations.

De gauche à droite : Chantal Agbahungba, Nawal Athanase, Sena Ahohe et Armelle Kodjo-D’Amour

Sena Ahohe a aussi fait un tour d’horizon de la mode béninoise moderne avant de céder la parole à Armelle Kodjo-D’Amour qui a entretenu l’assistance de la situation de la femme au Bénin.

Une dimension historique de la culture de ce pays a illustré un élément sur lequel Mme Kodjo-D’Amour a jugé bon de s’arrêter. Il existait, jusqu’à la fin du XIXe siècle, une importante troupe militaire entièrement constituée de femmes au Royaume du Dahomey, le Bénin d’alors. Elles ont combattu dans plusieurs guerres jusqu’à ce que la France colonise la région, mais leur vaillance et leur courage ne se sont pas pour autant dissipés. « Il y a cet esprit qui influence encore aujourd’hui la femme béninoise », commente la présentatrice.

Le sens de l’initiative a pris d’autres formes. « L’économie du Bénin est souvent alimentée par les micro-entreprises », relève Mme Kodjo-D’Amour, qui fait observer qu’il s’agit d’une sphère entrepreneuriale où les femmes sont très présentes. Dans un tout autre ordre d’idée, elle a aussi abordé la question des jeux de séduction, de la vie conjugale, du déclin de la polygamie, etc., bref, de la dimension plus intime du quotidien des femmes au Bénin.

La rencontre, organisée par Nawal Athanase, intervenante du Réseau-femmes à London, s’est conclue sur une note des plus conviviales avec une dégustation de quelques mets typiquement béninois cuisinés par une bénévole, Chantal Agbahungba. À titre exceptionnel, quelques hommes ont aussi assisté à ce déjeuner-conférence.

PHOTO: L’activité a attiré un groupe important.