Née Arsenault, à Moncton, au milieu des années 1930, Mme Lee réside à London depuis 42 ans et c’est à la suite d’une rencontre fortuite avec Suzanne Holmes, présidente du Cercle des Copains, qu’elle fut invitée à venir faire une présentation. Toutes ces décennies passées loin de sa région d’origine n’ont pas altéré ni son accent ni son attachement à l’Acadie. C’est à un tour d’horizon de l’histoire et des coutumes de son peuple ainsi qu’à un aperçu des prestations artistiques auxquelles elle s’est souvent adonné que Mme Lee a convié son auditoire.

Faisant partie d’une génération qui a vécu à cheval sur deux époques, son parcours symbolise à sa manière le cheminement de l’Acadie. Au grand plaisir des membres du Cercle des Copains, Elsie Lee a évoqué plusieurs de ses souvenirs d’enfance, à commencer par une dame âgée de Bouctouche, une parente éloignée de sa grand-mère, qui aurait inspiré le personnage de la Sagouine créée par Antonine Maillet. Très jeune, lorsqu’elle allait visiter sa grand-mère, il lui arrivait de rencontrer cette femme pittoresque qui lui a laissé un vif souvenir. Des années plus tard, elle a également rencontré la comédienne Viola Léger, qui s’est fait connaître en interprétant la Sagouine pendant plus de 40 ans.

C’est d’ailleurs cette grand-mère qui lui a raconté maintes anecdotes sur les us et coutumes de l’Acadie d’antan. Mais par sa propre expérience, Elsie Lee en connaît beaucoup à ce sujet. Elle a évoqué les fêtes de famille, quelques anecdotes sur l’école où elle a étudié, la vie au quotidien et ses premiers pas, au sens propre comme au sens figuré, comme artiste. En effet, c’est dès l’enfance que son intérêt pour la danse s’est manifesté, alors que la musique folklorique régnait en maître sur les rassemblements festifs. Elle a par la suite étudié le chant et participé à diverses activités de promotion du patrimoine acadien, que ce soit par la chanson, la danse ou le théâtre.

C’est aussi l’histoire mouvementée de la nation acadienne qu’Elsie Lee a abordé dans sa présentation. L’origine du nom de leur région est parfois attribuée à l’explorateur Giovanni da Verrazano, ou encore aux Micmacs ou aux Malécites. Mme Lee a parlé en quelques mots des premières familles, de la vie des premiers colons, de certaines superstitions locales et, bien sûr, de la déportation. Celle-ci suscite toujours un grand intérêt : les amateurs d’histoire y trouvent évidemment leur compte mais tout le monde ne peut manquer d’être touché par ce drame aux connotations universelles et intemporelles. Cette grande cassure dans l’histoire acadienne, Elsie Lee l’a abordée en termes simples. D’abord, ses raisons, dont la principale est la convoitise des Anglais pour les riches terres agricoles des Acadiens. Puis, les circonstances, le déroulement de la tragédie : la marche forcée jusqu’aux bateaux, la destruction par le feu des églises et des demeures, etc. Mais l’histoire ne s’arrête pas avec ce désastre, car après un siècle de léthargie et d’humiliation, la société acadienne entreprendra de reprendre en main son destin, d’abord en se dotant de symboles patriotiques et culturels dont Mme Lee a expliqué la signification.

Femme énergique et passionnée par ses origines, Elsie Lee a captivé son auditoire qui lui a ensuite posé des questions sur son vécu et sur l’histoire de l’Acadie. À près de 80 ans, elle se dit heureuse d’avoir vu tant de changements et d’évènements au cours de sa vie. Son témoignage et celui des gens de sa génération gardent vivant le souvenir d’une époque faite d’humilité, de solidarité, d’esprit de famille et de traditions culturelles qu’il serait dommage de perdre.

Photo : Elsie Lee avait également apporté de la documentation et des photos.