Les institutions d’enseignement rendent souvent hommage à des personnalités d’envergure en donnant leur nom à un bâtiment, un prix ou quoi que ce soit d’autres. Ceux qui se font honorer de la sorte ne sont souvent plus là pour recevoir les témoignages de respect et d’admiration que leur vie et leur carrière auront générés.

Ce ne fut heureusement pas le cas pour Jean Vanier qui, au cours de sa longue vie, s’est fait conférer maints honneurs dont le dernier a été de voir son nom donné à une institution universitaire. Le Centre de recherche Jean-Vanier du Collège King, affilié à l’Université Western, aura pour mandat d’explorer la pensée du philosophe, activiste et théologien catholique tout en l’élargissant à d’autres branches des sciences humaines.

C’est peu de temps avant son décès, survenu dans la nuit du 6 au 7 mai, que des membres du personnel de l’université ont eu cette idée. Né en septembre 1928, Jean Vanier a fondé L’Arche en 1964, un organisme consistant aujourd’hui en 154 communautés réparties dans 38 pays sur 5 continents et qui offre un milieu de vie accueillant et enrichissant aux personnes atteintes d’un handicap intellectuel. Le concept mis de l’avant par le fondateur de L’Arche diffère des institutions gouvernementales de par sa dimension spirituelle et humaine : ceux qui s’engagent auprès de l’organisme comme bénévoles ou employés sont invités à un cheminement qui les fera eux aussi grandir.

Pamela Cushing, professeure au Collège universitaire King et fondatrice du programme d’études consacré aux handicaps est aujourd’hui à la tête du Centre qu’elle a également cofondé. Elle-même s’est impliquée auprès de L’Arche et, en se basant sur ses expériences et son expertise, en est venue à la conclusion que l’approche développée par Jean Vanier méritait d’être considérée au plan académique et sa contribution étudiée.

La première activité majeure du Centre consistera en un symposium qui, du 25 au 27 juin prochain, rassemblera professeurs, leaders communautaires et documentaristes représentant des champs d’études aussi variés que la théologie, la démence et l’anthropologie. À court terme, le Centre mettra sur pied un concours d’essais au premier cycle et créera une bourse postdoctorale. Un congrès d’envergure devrait être organisé l’an prochain et, à terme, Mme Cushing voudrait que le Centre devienne une chaire de recherche.

Être amical à l’endroit des personnes handicapées ne suffit pas. Celles-ci, comme toutes autres, méritent une place qui leur est due dans la société au sein de laquelle elles peuvent contribuer à leur façon. Reconsidérer à cet effet notre monde au plan politique, économique, social, culturel et légal est ce à quoi invite le nouveau Centre de recherche Jean-Vanier.