Le mandat du Carrefour des femmes lui impose parfois de composer avec des cas difficiles ayant au préalable été pris en charge par le Service de police de London. Cependant, ce ne sont pas tous les policiers qui connaissent bien cet organisme ou qui ont le réflexe d’y référer les femmes francophones ayant besoin d’aide. Afin de remédier à ce problème, Annie Bernard, agente de liaison communautaire au Carrefour des femmes, a donné une série de présentations destinées aux policiers.

Cette initiative est née d’un échange entre Mme Bernard et le sergent Mark Elgersma, coordonnateur de l’unité responsable des cas de violence conjugale. Lors d’une rencontre d’un comité regroupant différents intervenants luttant pour mettre fin aux agressions dont les femmes sont victimes, le Sgt Elgersma s’était dit vivement intéressé à en apprendre davantage sur le Carrefour et à le faire connaître aux autres policiers. Une entente s’est rapidement conclue pour que Mme Bernard rencontre l’ensemble des agents.

Il a fallu cinq semaines pour que tous puissent assister à la présentation d’Annie Bernard. Chaque lundi, elle se rendait au poste de police pour rencontrer deux nouveaux groupes totalisant chaque fois une cinquantaine de personnes. C’est avant qu’ils n’entament leur quart de travail qu’elle donnait sa présentation à ces agents de première ligne, au moment où ils doivent se rassembler pour écouter les directives de leur chef. « C’est pour leur dire que nous sommes là depuis 10 ans, que nous sommes bien intégrées à la communauté, que nous connaissons très bien les besoins des femmes et qu’ils peuvent nous les référer », résume Mme Bernard. La dernière présentation s’est tenue le 25 avril. 

Dorénavant, lorsqu’un policier discutera avec une femme francophone en difficulté, en plus de lui donner un livret qui rassemble les coordonnées des organismes pertinents, y compris le Carrefour des femmes, il pourra lui expliquer plus en détail ce que ce dernier lui offre. La présentation de Mme Bernard était assortie d’une incitation à faire l’offre active des services en français. En effet, les anglophones ont tendance à ne mentionner l’existence de services francophones que lorsqu’ils perçoivent un accent français chez leur interlocuteur. Mais comme l’a mentionné Annie Bernard, bon nombre de francophones, en particulier en Ontario, n’ont aucun accent lorsqu’il s’exprime dans la langue de Shakespeare. Il est donc de mise de faire connaître à toutes ce qui s’offre en français à London.

Les policiers n’ont pas tardé à mettre en œuvre ces recommandations et quelques femmes ont déjà été informées de l’existence du Carrefour des femmes et de ses services. Depuis le 17 mai, Mme Bernard a entrepris de réitérer cette expérience efficace avec le service de police de Sarnia.

 Photo: Le poste de police de London