Les amateurs de théâtre du Département d’études françaises de l’Université Western se sont donné un nouveau défi, un peu différent cette fois : une pièce de théâtre dont les dialogues sont, pour l’essentiel, improvisés. Comme l’improvisation mène immanquablement à une bonne dose de rigolade, le spectacle ne pouvait être autre chose qu’une comédie. Qui plus est, l’angle humoristique était sans doute le meilleur pour mettre en évidence les travers de la nature humaine, un thème dominant de l’oeuvre.

De mal en pis est une création de Mariel Ouelette Mauvia, une étudiante de l’Université Western. Même si la pièce fait la part belle à l’imagination de ses comédiens, un canevas encadre tout de même les situations dans lesquelles sont placés les personnages. C’est en s’inspirant de l’œuvre d’Ousmane Sembène, un écrivain et scénariste sénégalais, que De mal en pis fut conçu. Par ses œuvres, Sembène critique la société par le biais de l’humour et d’une grille d’analyse marxiste. La pièce présentée par le théâtre L’On Donne substitue le féminisme au marxisme mais conserve l’esprit satirique. Ce sont les relations humaines muent par l’égoïsme et le non respect des autres qui constituent la thématique de la pièce, dont l’histoire se déroule dans une société dont les structures traditionnelles entrent en collision avec les structures relationnelles contemporaines et importées de l’étranger. Dans le méandre des nouveaux échanges nés de la modernité, chacun cherche à retirer quelque chose de ses rapports avec autrui. 

Servanne Woodward, professeure à l’Université Western, est responsable de la mise en scène. Puisque la pièce est en bonne partie improvisée, l’exercice prend une toute autre dimension. « Les acteurs finissent par être les vrais auteurs puisque le scénario change à chaque représentation », observe-t-elle. Au cours des pratiques, les participants inventent toujours quelque chose de nouveau ou recycle ce qui leur est apparu le plus à propos. Les comédiens doivent porter une grande attention à leur rythme et au temps qui s’écoule, sans quoi l’improvisation pourrait s’enliser. Lorsqu’une telle chose se produit et que l’histoire n’avance plus, il est possible de faire prendre un tournant soudain au récit grâce à divers trucs, telle l’entrée en scène d’un personnage par exemple.

De mal en pis sera présentée au McManus Studio Theatre les 14, 15, 18 et 19 mars à 19 h 30. Ce sont pour l’essentiel des étudiants, diplômés et professeurs du Département d’études françaises de l’Université Western qui constituent la troupe L’On Donne, auxquels se joignent des francophiles d’horizons divers. Outre l’aspect ludique et pédagogique du théâtre amateur, ces spectacles et la préparation qui les précède existent aussi pour développer une appartenance communautaire parmi ces étudiants qui souvent ne sont pas originaires de la ville de London.

Photo: Servanne Woodward