Des galeries d’art, à London comme ailleurs, il y en a en abondance, de tous les styles et pour tous les goûts. La Jonathon Bancroft-Snell se démarque cependant par le nombre et la variété exceptionnelle des pièces qui y sont exposées. Il s’agit également d’un des rares endroits où le public peut s’initier à cet art un peu méconnu qu’est la céramique. Qui plus est, l’exposition est renouvelée à un rythme surprenant, pour la plus grande joie des esthètes.
La preuve en est donnée encore une fois par la nouvelle collection offerte au public et aux acheteurs depuis le 13 février dernier. Le Nouveau-Brunswick y est à l’honneur avec 15 artistes spécialisés dans l’argile, la peinture et surtout le métal. C’est non moins de 150 oeuvres qui sont exposées, faisant découvrir aux visiteurs un large pan de l’art contemporain propre à cette province.
Brigitte Clavette est l’une des artistes dont les œuvres font partie de l’exposition. Elle se spécialise dans la transformation artistique des métaux, en particulier la création de bijoux en argent. Elle est membre de l’Académie royale des arts du Canada depuis 2000 et a enseigné dans plusieurs institutions dont, depuis 1985, le New Brunswick College of Craft and Design, où elle occupe présentement le poste de chef d’atelier de joaillerie.
Mme Clavette entretenait déjà une relation professionnelle avec le propriétaire de la galerie Jonathon qui expose ses créations de temps à autre. Les deux œuvres qu’elle lui a spécialement fait parvenir pour l’exposition s’inscrivent dans la continuité d’une approche qui caractérise plusieurs de ses réalisations. Celle-ci consiste à conférer un aspect inusité à des objets du quotidien, à leur donner un côté ambigu pour laisser à l’observateur la possibilité de s’identifier aux oeuvres et de se questionner à leur propos. Ainsi, les visiteurs de l’exposition pourront voir un jeu d’échecs dont les personnages des pièces blanches se démarquent par leur attitude détendue tandis que ceux des pièces noires s’apparentent à des gens d’affaires. L’autre œuvre consiste en un bol décoratif à l’intérieur duquel l’observateur découvre une montre à gousset. Ces quelques nouveautés qui seront exposées ne donnent cependant pas un aperçu complet des thématiques abordées par Brigitte Clavette : « Je fais souvent des pièces qui font référence à la spiritualité ou à des choses personnelles. »
En dehors du créneau très commercial des bijoux standardisés destinés aux magasins spécialisés ou généralistes, l’orfèvrerie demeure un art mal connu. Selon Mme Clavette, il n’existerait pas encore de style caractérisant les artistes canadiens de ce domaine. Le pays est vaste, divers et chacun semble privilégier son inspiration. Brigitte Clavette peut témoigner de cette liberté expérimentale qui caractérise un peu tout le monde puisqu’elle fait partie d’un groupe d’artistes collaborant à divers projets : « Je pense que l’on a tous des approches personnelles, estime-t-elle. On est 12 ou 15 et on fait des expositions tous les deux ans. On est un groupe qui travaille ensemble, on se voit assez souvent mais on est assez différents. »
Cependant, Jonathon Bancroft-Snell, qui cumule plusieurs années d’expérience comme marchand d’art et dont la galerie accueillera l’exposition des artistes du Nouveau-Brunswick, croit qu’il existe bel et bien une identité canadienne caractérisant les arts métallurgiques. Celle-ci, dépendamment des cas, peut être régionale ou d’envergure nationale mais serait aisément reconnaissable dans certaines pièces par leur thématique.
Quoi qu’il en soit, les visiteurs seront à même de se faire leur propre idée en jetant un coup d’œil à cette importante collection.
Photo : Une œuvre de 2013 de Mme Clavette qui est présentement exposée.