La bulle immobilière qui fait surchauffer le marché torontois semble avoir engouffré une large portion du sud de la province. La région de London-St. Thomas en est une preuve parmi d’autres : en mars, 239 unités résidentielles ont commencé à y être construites comparativement à 84 pendant le même mois de l’année dernière selon les plus récentes données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Dans l’ensemble, le premier trimestre aura vu s’élever de terre 974 unités, soit plus du triple (292) qu’en 2016.
Si plusieurs de ces nouvelles résidences sont en fait des appartements, il n’en demeure pas moins que la construction de maisons unifamiliales a fait un bond d’un tiers, encore une fois comparée à la même période de l’année dernière. Celles-ci sont plus représentatives des tendances du marché. Les développements immobiliers en construction, qui font désormais partie du paysage à la périphérie de London, illustrent cette réalité économique.
En effet, si plusieurs font le choix de se faire construire une résidence, c’est souvent parce que le marché des maisons à vendre est engorgé. Les prix sont à la hausse et il est de plus en plus fréquent que des acheteurs se livrent aux enchères pour une même propriété, ce qui fait reculer ceux qui ne sont pas disposés à investir une très forte somme.
« Il y a beaucoup de gens qui veulent acheter mais il n’y a pas beaucoup de maisons à vendre », confirme Jacques Nakhle, un agent immobilier de London. Celui-ci confirme avoir vu des résidences s’envoler pour un prix de loin plus élevé que ce qui était initialement demandé. Cela peut être frustrant pour les acheteurs qui ne savent plus ou donner de la tête et qui peuvent être pris au dépourvu s’ils vendent leur maison sans avoir les moyens d’en acheter une autre.
La situation qui prévaut dans le marché torontois n’est pas étrangère à ce phénomène, bien au contraire : « Plusieurs acheteurs viennent de Toronto. Ils pensent vendre leur maison pour beaucoup et acheter une maison ici pour moitié », observe M. Nakhle. Les médias ont abondamment fait état, ces dernières semaines, du prix moyen qui prévaut dans le secteur résidentiel de la capitale provinciale : environ 1 000 000 $, alors qu’il était de moins de 350 000 $ dans la région de London-St. Thomas en mars.
C’est dans ce contexte que s’est tenu, le 18 avril, le congrès annuel des agents immobiliers de la région. La surchauffe du marché était sur toutes les lèvres. De nombreux participants ont fait état des difficultés rencontrés par ceux qui s’aventurent pour la première fois à tenter d’acheter une propriété. Mais les professionnels du domaine se sont également confiés quant au défi que cela représente de se faire l’entremetteur entre des clients aux moyens limités et des résidences qui sont vendues à des prix jamais vus jusque-là après des enchères où les offres montent en flèche.
Ce remue-ménage dans le secteur immobilier profite à une myriade d’industries comme on put le constater les nombreux visiteurs au Salon de la maison et du plein-air qui s’est tenu du 21 au 23 avril au Western Fair District. Plus de 270 exposants y ont présenté leurs produits et services à tous ceux qui souhaitent rénover, décorer et jardiner. À voir combien de gens caressent l’ambition de vivre à London, ce sont-là des activités auxquelles plusieurs s’adonneront sans doute au cours des prochains mois.

Photo : la construction résidentielle est stimulée par le fait que l’offre locale ne suffit pas à la demande.