Plus d’un million d’emplois ont été perdus au Canada en mars et il ne s’agit que de la première vague de licenciements. Qu’est-ce que cela signifie pour London?

Le taux de chômage y est passé de 4,9 à 5,8 %. Cependant, même avec 1900 postes supprimés le mois dernier, la ville et sa région telles qu’analysées par Statistique Canada (incluant St. Thomas, Strathroy-Caradoc et des portions des comtés d’Elgin et de Middlesex) demeuraient en meilleure position qu’en mars 2019 avec 12 700 emplois de plus qu’à la même date. Qui plus est, London et ses environs s’en sortent mieux que la moyenne canadienne : à l’échelle du pays, le taux de chômage a bondi de 5,6 à 7,8 %.

Il faut néanmoins prendre en considération que ces chiffres ne livrent pas un portrait complet de la situation. Certains de ceux qui ont perdu leur gagne-pain en mars ont appliqué pour obtenir des mesures de soutien gouvernemental en avril. Plusieurs ne sont pas non plus considérés comme étant à la recherche d’un emploi, entre autres parce qu’ils se sont vu obliger de s’occuper momentanément de leurs enfants à temps plein même si, en fait, ils n’ont pas abandonné l’idée de retourner sur le marché du travail.

De plus, ce n’est qu’avec la déclaration de l’état d’urgence le 17 mars dernier que l’économie a subi un ralentissement brutal alors que les perturbations dureront probablement tout le mois d’avril. Les données relatives au chômage ne tiennent pas compte non plus de ceux qui sont toujours à l’emploi mais avec un horaire réduit.

Un récent sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante fait auprès des propriétaires de 10 500 petites entreprises a révélé que 40 % d’entre eux craignent que la pandémie ne mette un terme définitif à leurs opérations. Rassurer les milieux économiques n’est donc pas un luxe alors que l’incertitude se poursuit.

Dans le Sud-Ouest ontarien, certaines initiatives sont déjà sur les rails pour faciliter le retour à la normale. Ainsi, au début de cette période de marasme généralisé provoqué par la COVID-19, le maire de London, Ed Holder, avait formé un comité chargé d’explorer le bien-fondé de diverses mesures pour rendre le confinement plus supportable et ce qui pourrait être fait pour accélérer la reprise économique une fois la crise passée. Le 9 avril dernier, le comité a fait connaître ses 32 recommandations.

Au chapitre de ce qui devrait être fait pour se relever de la crise, le rapport propose de coordonner le retour des activités sportives et socioculturelles – un secteur durement affecté – pour qu’il n’y ait pas une trop forte compétition entre elles lorsque les politiques de confinement seront relâchées. Une attention devrait être accordée aux inégalités relatives à l’accès à la technologie et à internet, un facteur clé d’intégration socioéconomique, et la ville devrait se pencher le plus tôt possible sur un éventuel calendrier de travaux publics. Le rapport invite aussi Ottawa à offrir son aide à l’Aéroport international de London.

Il est dit de plus en plus souvent que la société ne sera plus la même une fois la crise passée. Ce type de prédictions vagues est toujours à prendre avec un grain de sel mais toujours est-il que les rares entreprises de London qui demeurent à la recherche de main-d’œuvre sont peut-être représentatives de ce qui est à venir : technologie médicale, services liés à l’internet, livraison, etc.

PHOTO (archives L’Action): Les commerces sont désertés sur la rue Dundas.