Lors de la dernière assemblée générale annuelle du Cercle des copains, Émilie Crakondji, directrice générale du Carrefour des femmes, avait convié l’assistance à un atelier en des termes qui ont piqué la curiosité de plusieurs. L’activité avait précédemment remporté un vif succès à Windsor et Mme Crakondji comptait bien en faire profiter les aînés de London.
Le 1er mars, au Centre Desloges, huit personnes se sont jointes à elle et à Annie Bernard, agente de liaison communautaire au Carrefour des femmes, pour un échange portant sur la vie sentimentale et sexuelle des gens de 50 ans et plus. Le sujet était sérieux mais c’est dans une ambiance conviviale d’où l’humour n’était pas absent que Mme Crakondji et les participants ont échangé informations et points de vue.
Quelques constats ont servi de base et de point de départ à la discussion. Ainsi, comme il est facile de s’en rendre compte tant en consultant les statistiques qu’en regardant autour de soi, l’espérance de vie augmente et les gens demeurent en santé plus longtemps. Les participants à la rencontre considéraient également comme une évidence que les personnes du troisième âge puissent continuer à avoir une existence épanouie au plan affectif.
En poussant plus loin l’analyse, on se rend cependant compte que le portrait n’est pas aussi limpide et réconfortant. Selon Mme Crakondji, plusieurs aînés vivent un malaise face à ces questions dû à leur appartenance culturelle ou religieuse. Rencontrer quelqu’un peut également être un défi. Les participants ont nommé quelques organismes et occasions sociales propices à des rencontres pouvant se transformer en relations amoureuses. Internet peut aussi être une alternative et c’est d’ailleurs ce vers quoi se tournent souvent ceux qui ont moins de mobilité ou qui n’ont plus de réseau social. Cependant, comme la directrice du Carrefour des femmes l’a fait remarquer en s’appuyant sur certains faits divers, c’est un outil qui peut s’avérer dangereux. Ce qui est aujourd’hui désigné par le néologisme de « sextorsion », c’est-à-dire le chantage exercé sur quelqu’un ayant eu l’imprudence d’utiliser le web pour se dénuder face à un interlocuteur, est un phénomène qui touche aussi les aînés.
Autre fait troublant et qui est bien plus souvent associé aux jeunes : la prévalence des maladies transmissibles sexuellement chez les personnes âgées. Le taux de ces maladies a triplé chez cette génération au cours des dernières années. En 2011, 18,2 % de ceux qui se sont fait diagnostiquer séropositifs étaient des aînés et cette proportion est en augmentation. Les gens âgés ne réalisent pas que cela les concerne et s’engagent parfois dans des relations sans bien connaître leur partenaire. Certains peuvent avoir été contaminés à leur insu à l’occasion d’une aventure en voyage, notamment dans les pays où la prostitution est répandue dans les lieux touristiques.
La discordance des besoins sexuels dans le couple est un autre problème, plus connu celui-là, et les participants ont donné leur point de vue général sur le sujet. Comme pour d’autres problématiques, Émilie Crakondji a fait remarquer que les gens désespérés sont plus vulnérables et doivent demeurer prudents, citant en particulier les rencontres faites sur le web où les manipulateurs sont très actifs.
Il est nécessaire de faire un examen de conscience pour comprendre l’importance de s’occuper de soi et de prendre des résolutions de vie en conséquence : au-delà des anecdotes, tel pourrait être la conclusion de cet atelier. Les thématiques qui y ont été abordées pourraient être considérées comme taboues mais, comme l’a résumé Émilie Crakondji, une fois la glace brisée, les tabous volent aussi en éclats.
Photo: Les participants ont échangé informations et points de vue.