Le tricot n’a pas dit son dernier mot à London. Ceux qui s’imaginent qu’il ne s’agit là que d’un paisible passe-temps condamné à s’éclipser lentement des mœurs et coutumes en faveur d’autres modes n’ont qu’à rencontrer les « Tricoteuses de la résistance » pour se détromper.

Ce groupe affilié au Carrefour des adultes et aînés francophones (CAAF), un programme du Carrefour communautaire francophone de London (CCFL), a été créé à la fin de l’automne 2018 dans la foulée du mouvement de protestation contre les compressions budgétaires du gouvernement provincial affectant les Franco-Ontariens. L’objectif était d’amasser des fonds pour l’organisation de manifestations par la vente de mitaines confectionnées par les membres du groupe. Le concept s’est rapidement avéré populaire et a depuis été adopté par plusieurs clubs d’aînés.

Les Tricoteuses de la résistance comptent aujourd’hui une quinzaine de membres. Le tricot et le crochet constituent des moyens originaux de s’engager pour une bonne cause et un beau prétexte pour se rencontrer de temps à autre. Le groupe ne compte pas pour l’instant de « tricoteux » mais pourrait éventuellement compter dans ses rangs quelques adolescentes qui se sont montrées intéressées à s’initier à cette forme d’artisanat.

Le mouvement de résistance s’est attiédi au cours des derniers mois, notamment à la faveur de quelques victoires remportées par la communauté franco-ontarienne. Les Tricoteuses s’en trouveront-elles désœuvrées? Absolument pas! Bien au contraire, les articles conçus par le groupe trouvent un nombre toujours plus grand de preneurs auxquels est offerte une gamme de produits qui va désormais au-delà des mitaines. Tuques, foulards et poupées aux couleurs du drapeau franco-ontarien s’envolent ainsi comme des petits pains chauds, séduisant par leur qualité et leur originalité.

C’est notamment à l’occasion d’une rencontre de la Table de concertation du Centre-Sud-Ouest que les contacts les plus importants ont été noués en regard des commandes auxquelles les Tricoteuses répondent désormais de bon cœur. Le Cercle de l’amitié de Mississauga et La Clé d’la Baie de Penetanguishene ont jusqu’à maintenant été les deux plus importants acheteurs et le groupe a été très occupé à satisfaire à leurs demandes. Le secteur privé n’a pas non plus été insensible aux charmes des articles conçus par les Tricoteuses : elles ont ainsi été contactées par une entreprise souhaitant lancer une boutique virtuelle qui aurait écoulé leurs produits. Cette proposition a cependant été déclinée par le groupe qui, étant constitué de bénévoles, ne peut se permettre de prendre trop d’engagements et surtout pas ceux, trop contraignants, de nature commerciale.

Charlotte Legault-Hull et Michelle Beauchamp sont les animatrices du groupe qui, après la pause estivale, se rencontrera à nouveau sur une base régulière au Centre Desloges, là où se trouve le CCFL. Julie Chalykoff, bien connue pour son bénévolat au CAAF et qui est à l’origine de la création de ce groupe consacré au tricot, croit que la popularité des articles confectionnés par les Tricoteuses ne devrait pas se démentir au cours des prochains mois.

« Les gens les achètent surtout pour s’afficher comme Franco-Ontariens et pour les porter lors des manifestations s’il y en a d’autres », commente-t-elle. Que la résistance vienne à triompher, le groupe n’en cessera pas pour autant ses activités, estime Mme Chalykoff, faisant remarquer combien les participantes aiment à se réunir pour s’adonner à cet art qui s’est transmis de génération en génération.

PHOTOS : Julie Chalykoff présente quelques articles fabriqués par les Tricoteuses de la résistance.