C’est le jeudi 18 octobre que se tenait le sommet sur l’avantage bilingue organisé par le Centre communautaire régional de London (CCRL). Dernier grand événement à s’inscrire dans le cadre de ce vaste exercice d’introspection et d’étude lancé en début d’année par l’organisme et ses partenaires de la Table Franco-Info, ce sommet avait pour objectif d’analyser les réalités du bilinguisme sur le marché de l’emploi, tant du point de vue des employeurs que des professionnels et des chercheurs d’emploi.
Le CCRL, et en particulier Fairouze Touni, coordonnatrice de l’événement, fut la cheville ouvrière dans la tenue de ce rassemblement, épaulé en cela par le London Economic Development Corporation (LEDC), le Local Employment Planning Council et les gouvernements ontarien et canadien. C’est au Centre des congrès de London que les participants étaient invités et parmi eux se trouvaient non seulement des représentants des organismes francophones bien connus, tant locaux que provinciaux, mais aussi d’entreprises et de la Ville de London. Des chercheurs d’emploi étaient également présents.
Ce ne sont pas que les têtes d’affiche de la francophonie de London qui sont intéressées à être mieux informées quant aux diverses facettes du bilinguisme en milieu de travail. Comme l’a mentionné Deb Mountenay, directrice général de la Commission de planification et développement de la main-d’œuvre d’Elgin, Middlesex et Oxford, un besoin croissant d’employés bilingues se fait sentir et un événement tel que ce sommet permettra de mieux y faire face. Daniel Hubert, de la firme de consultants PGF mandaté par le CCRL, avait d’ailleurs de nombreuses données à cet effet qu’il a partagé avec les participants.
Ainsi, dans la région de London, il appert qu’un francophone sur cinq travaille dans le domaine de l’enseignement. Le taux de chômage des francophones est légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population mais leur salaire moyen et médian est aussi supérieur. Une plus grande proportion de francophones travaillent dans des secteurs nécessitant une éducation universitaire, tel que l’enseignement, le droit, les services sociaux, communautaires et gouvernementaux. La vente et les services à la clientèle constituent un autre secteur où l’on retrouve de nombreux francophones.
Au cours des quatre dernières années, plus de 2100 postes requérant d’être bilingue ont été affichés dans la région. Cette tendance sera sans doute à la hausse puisque l’on constate que de plus en plus d’entreprises acquièrent une dimension nationale. Cependant, plusieurs difficultés se sont fait jour : les employeurs ont du mal à rejoindre les employés potentiels, les entreprises ne prennent pas conscience que le bilinguisme représente un avantage concurrentiel, il est difficile de faire reconnaître un diplôme ou une expérience acquis à l’étranger, etc.
Une question aussi importante que l’employabilité des francophones n’a pas manqué de soulever l’intérêt de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Son président, Carol Jolin, était donc sur place et a axé son intervention sur la dimension internationale de la place du français dans le domaine économique. Il a mentionné combien cette question intéressait le gouvernement provincial et expliqué qu’il serait avantageux, pour l’Ontario, de diversifier son économie en misant notamment sur les liens qui peuvent se tisser, par le biais du français, avec les pays africains.
Les participants au sommet ont ensuite eu le plaisir d’écouter les réponses de trois spécialistes aux questions posées par Benoît Hubert, président de la firme PGF et animateur du panel. Robert Collins, directeur du développement de la main d’œuvre au LEDC, Guy Lucas, directeur à l’employabilité et à l’immigration à la Société économique de l’Ontario, et Joaquim Ballès, vice-président et conseiller général chez Trudell Medical Limited, ont offert leur perspective sur des sujets d’actualité.
Les enjeux les plus importants quant à l’employabilité, les défis liés au recrutement, l’importance d’une main-d’œuvre bilingue pour le développement de nouveaux marchés, les conséquences des nouvelles technologies sur le monde de l’emploi et les problèmes rencontrés par les francophones dans leur intégration au marché du travail ont donc été abordés par les panélistes. Ceux-ci étaient unanimement optimistes quant aux avantages du français dans les entreprises mais leurs discours s’assombrissaient quelque peu lorsqu’il était question de l’immigration, plusieurs problèmes ayant été relevés à ce chapitre. Le manque de coordination et de partage d’informations entre les entreprises, les chercheurs d’emploi, les agences gouvernementales et les institutions d’enseignement est également revenu sous une forme ou une autre à plusieurs reprises.
Les membres de l’assistance ne furent pas en reste, d’autant plus qu’ils ont été invités à se rassembler en petits groupes pour trouver des pistes de solution aux carences du système. Les recommandations n’ont pas manqué, même pour des problèmes dont il n’avait pas été question jusque-là.
Le CCRL dresse un bilan positif de ce sommet de même que les participants qui ont exprimé le souhait qu’il soit réédité l’an prochain. Le marché de l’emploi est en mutation et pareil événement aidera les divers intervenants à savoir comment les francophones peuvent tirer leur épingle du jeu.
PHOTO : Un panel a réunis (de gauche à droite) Guy Lucas, Robert Collins et Joaquim Ballès qui ont partagé leur expertise en répondant aux questions de Benoît Hubert.