En Amérique du Nord, le chemin de fer est davantage qu’un mode de transport. Intimement lié à la colonisation de vastes territoires jadis peu peuplés, il est entré dans l’imaginaire collectif, car associé à certains des épisodes les plus colorés de l’histoire du continent.
Au Canada, les Pères de la Confédération ont voulu en faire un outil pour consolider leur création politique et, au prix de bien des efforts, de plusieurs vies et de quelques scandales politico-financiers, le rail s’étire aujourd’hui de Vancouver à Halifax. Cela valait bien un musée où chacun peut désormais admirer quelques belles machines d’antan.
Entre développement et déclin
C’est à St. Thomas que se trouve le Musée du rail du comté d’Elgin. St. Thomas est une de ces localités qui doit son développement au chemin de fer. Le premier y fut construit en 1856 et, au fils des ans, 25 autres devaient suivre, s’ajoutant à ceux déjà existants ou en remplaçant certains. Cette petite ville est ainsi devenue une des jonctions ferroviaires les plus importantes au pays, avant que le transport par train n’amorce un déclin à partir des années 1950. Créé en 1988, le Musée du rail constitue l’héritage le plus évident de cette époque lointaine. C’est d’ailleurs en toute logique qu’il se situe dans l’ancien atelier du Michigan Central Railroad, un imposant édifice datant de 1913.
Locomotives et wagons
Le visiteur peut s’y familiariser avec le travail et le mode de vie des employés du rail et découvre dans le plus grand détail, grâce à des maquettes, ce qu’a été, à son apogée, l’industrie du chemin de fer à St. Thomas. Toutes sortes d’artéfacts (uniformes, meubles, lanternes, horloges, accessoires, etc.) côtoient photos et vidéos mais, ce qui fait la gloire du musée, c’est sa collection de locomotives, de wagons et d’engins divers. La pièce de résistance est la CN Hudson #5700, une locomotive à vapeur qui, en service de 1930 à 1960, se distinguait par sa vitesse : conçue pour tirer un maximum de 10 wagons, elle pouvait dépasser 160 km/h. Les autres véhicules en montre ont chacun leurs particularités, que ce soit parce qu’ils se meuvent au diesel ou à l’électricité, ou parce que leurs fonctions donnent une idée générale de la diversité de ce qui circule sur rails (voiture-lit, funiculaire, épandeur de ballast, etc.).
Le Musée du rail du comté d’Elgin est ouvert plusieurs jours par semaine durant l’été et l’automne. De l’Action de grâce jusqu’à la fête de la Reine, il n’est cependant accessible que le samedi. Des amateurs d’histoire et d’antiquités aux enfants toujours facilement impressionnés par les machines, ce musée satisfera la curiosité de plus d’un.
Philippe Thivierge