La tristesse, la colère, la peur, mais surtout la résilience. Ces quatre mots résument bien l’état d’esprit et le message de la communauté musulmane de London, véhiculé le soir du mardi 8 juin, lors de la vigile en l’honneur des quatre membres de la famille musulmane tués dimanche lors d’une attaque à la voiture-bélier.

Ils étaient cinq membres de trois générations d’une seule et même famille, partis dimanche après-midi pour une promenade, comme ils le faisaient souvent.

Seul le plus jeune, Fayez, un garçon âgé de neuf ans, en est sorti gravement blessé, mais vivant. Il est toujours à l’hôpital.

Son père Salman Afzaal, 46 ans, sa mère Madiha Salman, 44 ans, sa grande soeur âgée de 15 ans, Yumna Afzaal, et sa grand-mère, Salman Afzaal, 74 ans, ont tous perdu la vie tragiquement lorsqu’un homme de 20 ans a foncé sur eux avec une camionnette noire.

L’auteur présumé de l’attaque a été accusé de quatre meurtres au premier degré et de tentative de meurtre.

Devant la mosquée musulmane de London, le soir du mardi 8 juin, un silence des plus complets rendait difficile de croire que plus de 5000 personnes étaient rassemblées en l’honneur de cette famille tuée dans ce que la communauté musulmane et les premiers ministres Justin Trudeau et Doug Ford ont qualifié d’attaque terroriste motivée par la haine.

Plusieurs leaders musulmans de London et du Canada ont exprimé leur peine, mais ils ont surtout demandé aux politiciens présents d’agir de façon concrète pour se battre contre l’islamophobie, le racisme et la haine.

« Nous ne nous laisserons pas avoir par la peur. Nous serons forts en restant normaux, en restant nous-mêmes. »

Certains ont noté qu’eux aussi ont marché sur cette même route où la famille a été décimée, « des dizaines de fois ».

Ce genre de drame ne fait qu’accentuer le sentiment d’inquiétude qui habite certains citoyens lorsqu’ils sortent en public, ont-ils rappelé.

« Il est notre fils à tous »

Devenu orphelin, Fayez « est maintenant le fils de toute la communauté musulmane », ont indiqué au Droit les membres d’une famille musulmane venue d’Ottawa.

« Même nos deux filles, présentes aujourd’hui à la vigile, ont demandé à ce que nous devenions sa famille », ont-ils témoigné, affirmant que la communauté s’est ralliée pour venir en aide au jeune garçon et que plusieurs se sont portés volontaires pour l’accueillir chez eux.

En ligne, une campagne de financement a permis d’amasser des centaines de milliers de dollars en l’espace d’une seule journée.

Les politiciens se succèdent

Les uns après les autres, les politiciens de tous les partis sont montés à la tribune pour partager leurs douleurs et exprimer leurs sympathies à la communauté musulmane.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a déclaré que l’islamophobie et le racisme existent bel et bien au pays, et que personne ne devrait avoir à y faire face.

Quant au premier ministre ontarien Doug Ford, même s’il s’est fait bruyamment huer à son arrivée, le fait qu’il ait reconnu que cette tuerie constitue une attaque terroriste a eu un effet positif sur la foule.

Étaient aussi présents les chefs du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole, du NPD, Jagmeet Singh, et du Parti Vert, Annamie Paul.

SOURCE – Émilie Pelletier, Initiative de journalisme local, Le Droit